La gauche est incapable d’entreprendre une révolution sociale si la bonne n’a pas d’abord passé le chiffon à poussière sur ses bouquins.
Si demain on me sacrait ville olympique, vous seriez les premiers à oublier la mort de cette putain de gamine gitane. Pas vrai, monsieur le maire ?
— Tu avais tes papiers avec toi ? a repris Jota, les yeux fermés.
— D’après toi, j’y mets quoi, dans mon portefeuille ? Un kilo de fraises ?
— Ça, c’est les Gitans, a dit Chico, le seul que son imperturbable connerie préservait d’une panique grandissante. Je t’avais bien dit que c’était un ramassis de délinquants. Ils t’ont volé ton portefeuille pendant que tu les tuais. Délinquants jusqu’au bout. Puisque je te le dis. Ils n’ont vraiment aucune pudeur.
Si Che Guevara avait été pris de narcolepsie ou de diarrhée antirévolutionnaire le 31 décembre 1958, on ne sérigraphierait pas aujourd’hui des t-shirts avec sa belle petite gueule et il en serait au même point que moi : son âme serait en train d’errer dans Camagüey, ou tout autre géographie dessinée par les cyclones. Il serait resté accroupi sur sa propre merde pendant que Fidel marchait sur La Havane.
– Il dit que plus tu passes de temps dehors, moins tu casses les burnes dans les locaux.
– Texto ?
– Non, excuse l’imprécision. Il a dit couilles, pas burnes.
Les riches ne peuvent pas s’empêcher d’être méchants et les pauvres ne peuvent pas se payer le luxe d’être gentils.
Ils s’imaginent qu’en contaminant leur voisin, ils vont guérir de leur mal de misère. Si je savais pas qu’ils étaient juste très pauvres, je dirais qu’ils sont surtout cons comme des manches.
Quant à nous, on était supposés énoncer les sentences en fonction des organismes de sondages ; faute de quoi, un million de vieux pauvres de gauche ou un million de nouveaux riches de droite, selon les cas, descendait dans la rue pour exiger ta démission ou ta tête.
Quand elle a découvert cette histoire macabre, atroce, la société a exigé des coupables. Plus il y aurait de coupables, mieux ce serait. C’est comme ça que les masses arrivent à oublier qu’elles sont complices de toutes ces atrocités. Des coupables, des coupables et encore des coupables.