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Critique de Ziliz


Je ne cours pas après les témoignages
- de people
- sur la maladie.
Oui mais là, le people n'est vraiment pas du genre à avoir le melon, à se donner le beau rôle, à en faire des tonnes dans le pathos. Il s'agit de Mathias Malzieu, auteur-poète-compositeur-interprète. J'apprécie le peu que je connais de son répertoire littéraire et musical (groupe Dionysos), et j'aime bien cet artiste speed, foufou, grand gamin à l'univers riche.

Mathias Malzieu, vampire en pyjama (sur skate-board, dès qu'il le peut, sur vélo d'appartement, à défaut), raconte ici son combat contre la maladie. Une longue et terrible maladie, une « panne sèche de moelle osseuse » qui a nécessité pendant une année beaucoup de va-et-vient entre l'hôpital et son 'appartelier', d'examens, de prélèvements, de transfusions, de traitements lourds, et quelques séjours en chambre stérile...
Les métaphores poétiques (façon Boris Vian dans 'L'écume des jours'), les jeux de mots, l'humour, l'auto-dérision abondent dans le récit. Même s'il ne cache pas sa peur de la mort, même si, au fil des espoirs et rechutes de Mathias Malzieu, la gorge du lecteur est nouée, le sourire et la vie ne sont jamais loin, même au pire de la tourmente.

L'auteur évoque ses proches, ceux qui ont quitté le navire (les « lâches » ? ou ceux qui ne peuvent pas, ne savent pas trouver les mots, les gestes face à la souffrance d'autrui), et ceux qui l'ont maintenu à flot : le soutien de sa « grande petite soeur », la douleur et la douceur de son 'vieux' papa, déjà marqué par la maladie et le décès récents de sa femme.
■ « Ce sont aussi les soixante-quinze ans de mon père, je me sens de plus en plus vieux que lui. Je m'occupe de sa santé mentale parce que son petit est malade. Ni l'un ni l'autre n'avons plus de maman et lui depuis très longtemps. Perdre un enfant, ce doit être encore pire. J'essaie de le rassurer même quand je ne le suis pas moi-même. Il a peur. Tellement peur parfois qu'il approche le déni. C'est sa façon de dealer avec l'espoir. Chacun souffre dans le non-dit, mais le souffle de notre complicité père-fils résiste. »

Ce sont aussi la création (ce 'journal', mais aussi l'album éponyme composé au cours de la maladie) et l'amour de Rosie qui ont sauvé l'artiste malade. Rosie, enveloppante, réconfortante bien que consciente de la gravité de la maladie, dont la seule présence lui insuffle énergie et confiance - « le rocher le plus doux du monde », une « belle petite pomme à la vanille en forme de femme. »

Tout au long du témoignage, Malzieu rend également hommage au formidable accueil des soignants (les 'nymphirmières', l'hématologue à voix douce...), à leur présence chaleureuse, leur écoute, leur empathie.
■ « - Vous avez besoin de quelque chose, monsieur Malzieu ?
- Oui... de bisous ! J'en ai marre de ne pas avoir de bisous !
Elle a rigolé derrière son masque et le lendemain soir, elle m'apportait une feuille de papier sous plastique avec écrit 'Bonne nuit' et deux baisers rouges. Je les imagine, avec son aide-soignante, en train d'embrasser la feuille blanche, de la mettre dans le plastique avant de désinfecter la pochette. Puis d'enfiler masque, charlotte et blouse pour me l'apporter. L'humour du joli geste. Deux bouches en coeur qui vont aider mon esprit à chanter. Assouplir les nerfs par le rire. Je ne sais pas combien de fois j'ai dit merci. On se serait cru à un rappel à l'Olympia. »

Un témoignage plein de douceur, de poésie et d'émotion, qui m'inspire respect et admiration à l'égard de cet homme débordant d'énergie, de courage et d'amour - amour pour la vie, pour les autres -, et me l'a rendu encore plus sympathique.

♪♫ 'Vampire de l'amour', clip officiel - https://www.youtube.com/watch?v=d4ebC2dodUM
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