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Critique de Aquilon62


4 étoiles car mes 5 étoiles sont pour l'édition en Noir et Blanc,

Nous sommes à la fin de l'été 1592, Michelangelo Merisi da Caravaggio dit le Caravage arrive à Rome. Jeune il n'a que 19 ans et déjà très fougueux, pour ne pas dire belliqueux, mais il a déjà un sens profond de la justice. 
Le soir, il sauve un vieil homme agressé par des mercenaires à la solde d'un jeune bourgeois, lui-même agent de la famille Farnèse, Ranuccio Tomassoni. 
C'est son premier ennemi et ce ne sera pas le seul.
Car il ne l'a sait pas encore mais sa vie sera faite de "mauvaises" rencontres qui lui voudront autant de fuites. 
Mais cet épisode sera aussi l'occasion d'une rencontre salvatrice Mais il s'est aussi fait un allié, qui lui présente des amis architectes et peintres. 
Ceux sont eux qui vont le rebaptiser du nom de sa ville d'origine, Caravaggio. 
Les rencontres vont s'enchaîner Antiveduto Grammatica, peintre baroque qui le présentera à Giuseppe Cesari dit le Cavalier d'Arpin, peintre du pape Clément VIII. 
Pendant des jours, le Caravage va peindre des fleurs et des fruits sur les toiles du Cavalier d'Arpin, tout en "apprenant" Rome. 
On l'a découvert au début de l'ouvrage généreux et doté d'un sens aigu de justice sociale, il se liera d'amitié avec des prostituées, ce qui lui vaudra des ennuis avec un certain Ranuccio Tomassoni, qui en est le souteneur… Entre eux, c'est désormais la guerre...
Michelangelo va bientôt rentrer au service d'un mécène, le cardinal del Monte, grâce à son tableau "La Diseuse de bonne aventure", mécène qui deviendra "mentor" 

Ayant vaincu Ranuccio Tomassoni en duel, le Caravage doit quitter Rome. 
On le retrouve par une nuit d'été de 1606, mourant dans un camp de saltimbanques installé près de Rome, qu'il a dû fuir . 
Lanzi, qu'il avait lui-même sauvé d'un agression, leur demande de le soigner et de le cacher.
L'une des femmes, cette "voyante", qui lui avait prédit un grand destin, le reconnaît. 
Pour le soigner, elle envoie la belle Ipazia aller chercher de la poudre d'argent. Ipazia revient accompagnée de la comtesse Colonna, sa "protectrice" . 
Qui une nouvelle fois va lui venir en aide, lui apportant le nécessaire pour donner libre cours à son art,elle demande à se faire livrer les toiles dans son palais de Naples, prochaine destination du Maître. 
Quelques jours plus tard, Michelangelo se lance dans la peinture de la Cène à Emmaüs, .

Avant le départ pour Naples, les hommes de la garde papale font irruption dans le camp et commencent à tout fouiller. Alors que le Caravage est près d'être découvert, la belle Ipazia fait une diversion qui ne laisse pas insensible les gardes. 
Et c'est enfin le départ en pleine nuit vers la capitale de la Campanie, qu ne sera qu'un étape de plus dans un périple loin d'être terminé …

Manara disait lui-même au sujet du Maître du clair-obscur :
"Tout d'abord la vie du Caravage, aventureuse, picaresque, se prête beaucoup à une histoire en bande dessinée. Son caractère impétueux, rebelle qui l'a souvent conduit à la prison ; son aversion à l'autorité, au pouvoir en général ; le fait qu'il ait été beaucoup censuré aussi : un de ses chefs-d'oeuvre ayant même été condamné au bûcher ; son audace éhontée et transgressive dans la représentation de certains nus ; le fait qu'il soit constamment du côté du peuple, des humbles, des scélérats, des spadassins, même s'il était courtisé par les plus éminents cardinaux… Tous ces éléments font de lui un personnage véritablement passionnant et romanesque. En outre, il y a l'oeuvre gigantesque de l'artiste, son énorme influence sur l'histoire de la peinture, son incroyable modernité, quasi cinématographique. Les gestes des ses personnages sont puissants, vrais, réalistes, sans les exagérations artificielles qui caractérisent la majeure partie de la peinture baroque. Après lui, la peinture a changé ! Et puis il y a la beauté de ses femmes : je pense surtout à celles dont on ne voit pas directement le visage, mais dont on devine toute la beauté et la féminité."

Quand un maître du 9ème art rencontre un génie du 3ème art on s'attend à une rencontre au sommet. 
Et c'est le cas : le dessin de Manara sied parfaitement à la peinture du Caravage, voire à sa vie tumultueuse. 
Rome est magnifique pour ne pas dire vivante sous les planches qui défilent à la vitesse de la vie du peintre, 
Les reproductions de toiles, celles d'Arpin comme celles de Caravage, sont prises sur le vif comme si nous étions dans l'atelier de l'artiste, 
Les femmes sont belles, mais comment pourrait-il en être autrement chez Manara
Mais ce sont aussi les hommes qui sont le plus souvent nus

Par la prouesse de ses dessins Manara arrive à retranscrire le caractère passionné, tourmenté et tumultueux de Caravage, 
Il y a beaucoup de mouvements, dans ses dessins. 
il réussit à donner de la vie à l'intrigue et de faire que cette biographie dessinée soit vivante en lui insufflant du romanesque et du caravagesque . 
Clair et obscur, comme dans l'oeuvre de Caravage, sont présents partout, au propre comme au figuré.  

L'objectif de Manara est atteint : on aime ce, son, Caravage. 

Il donne à la fin obscure de l'artiste un sorte de clarté, Caravage demandant que ses toiles reviennent pour la grâce dans son acception de charme, beauté, élégance , pour la grâce dans l'acception de pardon, d'amnistie ... 
Comme une prémonition sur la grâce papale qu'il ne connaîtra jamais... 
Ou est-ce le retour en grâce qu'il connaîtra au début du XXème siècle après une longue période d'oubli.. 
Ou tout simplement la grâce omniprésente dans ses toiles
Une clarté comme une renaissance .
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