Pédés

En 1980, Monique Wittig proclame dans une phrase restée célèbre que "les lesbiennes ne sont pas des femmes", puisqu'elles ne correspondent pas à la définition du concept social "femme" (qui implique notamment une vie de couple hétérosexuel). Dans ce recueil, composé de 7 textes, les auteurs appliquent la même idée aux hommes homosexuels. Etre pédé, est-ce aussi un genre social en soi, différent du genre "homme" ? Les pédés sont-ils des hommes, non pas dans l'acceptation biologique, mais dans ce que cela implique en terme d'image et d'attentes sociales ? Chaque auteur abord un aspect de ce que signifie être un homme homosexuel, et de ce que signifie faire - ou pas - communauté. J'ai été particulièrement intéressé par le texte d'Adrien Naselli, journaliste qui travaille sur les questions de transfuges de classes. Dans son texte, il met en exergue la faille qui sépare son univers, celui d'un journaliste parisien qui gagne bien sa vie, qui vit ouvertement son homosexualité, dans un milieu où elle est le plus souvent acceptée, de celui de son cousin, lui aussi homosexuel, ouvrier d'usine dans une petite ville. L'homosexualité, la "pédérité" créent certes une communauté, mais en aucun cas une unité monolithique, puisque l'intersectionnalité implique des croisements permanents : ce sont ces différents croisements qu'abordent les sept textes. Une excellente lecture, accessible et utile.