Pédés

Une fois n'est pas coutume, c'est sur le compte de Floflyy que j'ai vu passer ce recueil et il m'a donné très envie de le lire !
De quoi ça parle ? «Dans une société qui peine à lutter contre l'homophobie ambiante, la communauté gay est éreintée par ses luttes. Stigmatisée, insultée et tuée, elle est pourtant bien plus riche et complexe que les multiples préjugés à son encontre laissent penser.
Avec la volonté d'amorcer une prise de conscience, ce collectif de huit militants, journalistes, écrivains et artistes explore les homosexualités masculines contemporaines en France. Ensemble, ils imaginent une nouvelle solidarité au sein des luttes gays.
Comment se libérer des normes établies par la société, tout en faisant partie d'une communauté, elle aussi en prise avec des carcans patriarcaux, coloniaux et classistes ? Comment combattre les discriminations à l'extérieur comme à l'intérieur de la communauté homosexuelle ?
Reflet d'une génération qui se construit en dehors de l'hétéronormativité, cet ouvrage se veut pédagogique, politique et fédérateur.
Sous la coordination de Florent Manelli
Avec les textes de Jacques Boualem, Camille Desombre, Adrien Naselli, Julien Ribeiro, Ruben Tayupo, Nanténé Traoré et Anthony Vincent»

Je ne pense pas faire long pour vous parler de ce merveilleux livre ! En effet ce n'est jamais simple de parler d'un recueil de nouvelles. Vous trouverez ici 8 nouvelles écrites par 8 auteurs et qui interroge sur être « pédés » dans notre société, aujourd'hui en 2023 mais aussi avant. Qu'est ce qui a changé ? Comment s'assumer pleinement et embrasser la vie à bras le corps ?
Les textes de ce recueil sont vraiment incroyables et très forts ! Ils interrogent notamment sur la sexualité, mais aussi sur le genre, les origines, l'immigration. Être gay et immigré, être gay entre 2 cultures, être un homme trans gay …
Les auteurs nous parlent d'eux, de leur vécu, des difficultés à oser être soit, de la représentation dans la pop culture, et puis surtout de sujet compliqué et terriblement d'actualité comme la demande de droit d'asile pour cause d'homosexualité, des réfugiés, de l'homophobie dans certaines cultures, certaines familles, certains villages et aussi de transphobie dans le milieu gay ! Tant de sujets nécessaires à travailler pour déconstruire, pour se déconstruire.
Un magnifique recueil qui se lit tout seul, et qui devrait être lu beaucoup pour faire avancer les choses ! Des textes nécessaires et poignants ! Merci aux auteurs et à point pour la réflexion autour de ce mot trop souvent employé pour insulter /rabaisser !
Note 10 /10

En 1980, Monique Wittig proclame dans une phrase restée célèbre que "les lesbiennes ne sont pas des femmes", puisqu'elles ne correspondent pas à la définition du concept social "femme" (qui implique notamment une vie de couple hétérosexuel). Dans ce recueil, composé de 7 textes, les auteurs appliquent la même idée aux hommes homosexuels. Etre pédé, est-ce aussi un genre social en soi, différent du genre "homme" ? Les pédés sont-ils des hommes, non pas dans l'acceptation biologique, mais dans ce que cela implique en terme d'image et d'attentes sociales ? Chaque auteur abord un aspect de ce que signifie être un homme homosexuel, et de ce que signifie faire - ou pas - communauté. J'ai été particulièrement intéressé par le texte d'Adrien Naselli, journaliste qui travaille sur les questions de transfuges de classes. Dans son texte, il met en exergue la faille qui sépare son univers, celui d'un journaliste parisien qui gagne bien sa vie, qui vit ouvertement son homosexualité, dans un milieu où elle est le plus souvent acceptée, de celui de son cousin, lui aussi homosexuel, ouvrier d'usine dans une petite ville. L'homosexualité, la "pédérité" créent certes une communauté, mais en aucun cas une unité monolithique, puisque l'intersectionnalité implique des croisements permanents : ce sont ces différents croisements qu'abordent les sept textes. Une excellente lecture, accessible et utile.

Aujourd'hui je vais évoquer Pédés essai combatif et politique dirigé par Florent Manelli avec la contribution de huit auteurs. le titre est suffisamment explicite pour comprendre qu'il s'agit de défendre une cause par des personnes directement concernées.
Pédés ce sont des textes engagés, des manifestes pour défendre une cause. Les auteurs sont pour la plupart relativement jeunes et n'ont pas directement vécu les combats de libération des homosexuels et la période de l'acmé de la pandémie de sida à la fin du vingtième siècle. Tous utilisent pour se qualifier le terme de pédé en s'appropriant le signifiant du stigmate et en révélant l'importance de l'utiliser eux-mêmes pour dénoncer et combattre toutes les formes de discriminations. Ces hommes (ou trans ftm) racontent leur histoire intime par le prisme de leurs particularités (arabe, latino, trans, rural, etc.). Cet ouvrage collectif est fondamentalement politique et militant. Les positions exprimées sont souvent radicales mais construites, argumentées et étayées sur des expériences personnelles. Ces histoires personnelles sont souvent touchantes avec des points communs comme le rejet, le mépris et la souffrance souvent tue. Les textes écrits à la première personne sonnent comme des cris hurlés pour faire prendre conscience de la réalité de l'existence des hommes homosexuels. Si tous les auteurs semblent équilibrés et bien insérés, ils disent leurs difficultés et le besoin de sentiment d'appartenance à une communauté qui permet une identification. En effet l'absence de modèles valorisés dans l'enfance et l'adolescence contribuent à la mise à l'écart, au rejet et aux passages à l'acte suicidaires. Ce court essai est un utile complément à des ouvrages plus anciens qui dressaient un portrait de la vie homosexuelle. Je pense notamment aux livres de Frédéric Martel comme le rose et le noir. Les huit portraits montrent des exemples d'homosexualités masculines contemporaines. Les auteurs dénoncent l'hétéronormativité et militent pour de nouvelles formes de composition sociétale moins hégémoniques et dominatrices. L'affirmation va jusqu'au tatouage du substantif pédé pour ne pas se cacher ni avoir honte.
Pédés ce sont plusieurs coups de poing, des portraits sensibles de garçon qui préfèrent les garçons et qui malgré leur choix veulent vivre libres et heureux.
Voilà, je vous ai donc parlé de Pédés sous la direction de Florent Manelli paru aux éditions Points.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..

L'adolescent perdu et anxieux que j'étais avant mon coming-out aimerait juste dire "merci" aux auteurs.

Plus que des mots, ce sont nos vérités, nos amours, nos craintes et nos victoires qui sont inscrites ici.

Les textes sont libérateurs et ultra-puissants.
Nécessaires, aussi.

À lire !

Ce (pas si) court recueil présente des textes qui sont, je le crains, nécessaires encore aujourd'hui. Il est triste de se rendre compte que oui, même en France et 10 ans après le mariage pour tous, l'homophobie existe encore, que le sentiment de honte peut perdurer, que la "domination" masculine continue de réduire au silence la voix des femmes et de nombreuses "minorités".

Même si je n'ai pas accroché à tous les textes, plusieurs d'entre eux m'ont beaucoup touchés. Je pense en particulier à ceux de Adrien Naselli à propos de son cousin, de Nanténé Traoré et de son parcours trans, et celui de Florent Manelli et de son exil parisien.

Je ne suis pas sûr qu'un homme hétéro qui lirait cet ouvrage pourrait comprendre sa réalité et son importance, mais j'aimerai le croire. Je vais donc le croire. Un livre à faire circuler !