La Muraille invisible

La jaquette de ce livre proclame “L'inspecteur Wallander plus seul que jamais”; cette assertion ne pourrait être plus juste. Confronté à une enquête extrêmement complexe, il tarde à en saisir les racines profondes et culpabilise parce qu'il attribue la mort d'un complice à ce retard. Il se sent d'ailleurs d'autant plus largué qu'une partie cruciale du travail d'investigation touche l'informatique de haut niveau à laquelle il ne comprend strictement rien. Pire encore un moment d'impatience lui vaudra une enquête interne, complètement futile, sur ses agissements et la méfiance de sa supérieure immédiate. le clou dans le cercueil de son moral sera d'apprendre qu'un collègue lui joue dans le dos en vue d'une promotion éventuelle...

Malgré la rage, malgré l'abattement, malgré les idées de démission, avec acharnement, peu à peu, méthodiquement il parviendra à dénouer l'écheveau, à déjouer le complot, car il s'agit ici de bien plus qu'un meurtre à connotation locale... Tout est lent dans ce roman policier, rien n'est bien joyeux non plus, ni au niveau de la société suédoise, ni au sein de l'équipe de Ystad, ni dans la tête et la vie de Wallander. Pourtant c'est un tome de la saga que j'ai particulièrement aimé car en dépit de son mal-être l'inspecteur s'accroche, on se demande parfois pourquoi et comment. La petite lueur à la fin constitue un beau clin d'oeil et apporte, peut-être, une réponse partielle à ces questions.