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Critique de Henri-l-oiseleur


Klaus Mann, fils de l'illustre romancier et essayiste Thomas Mann, publia en 1929 un bref roman historique consacré à Alexandre le Grand, et en 1937, une courte nouvelle sur les derniers jours de Louis II, le "roi fou" de Bavière. Malgré les différences d'époque, de format et de personnages, ces deux récits réunis dans ce volume ont des points communs : deux souverains sont mis en scène, qui sont des politiciens, des êtres d'exception et des homosexuels, même si la prudence est nécessaire pour ce qui est d'Alexandre et de son temps (il est périlleux de projeter sur l'Antiquité des conceptions modernes comme celle d'homosexualité). Les thématiques associées à ces personnages sont déjà connues et établies par la tradition. Klaus Mann ne les invente pas, mais se livre à des variations sur des motifs pré-existants : le romantisme exalté, morbide et suicidaire de Louis II, roi wagnérien, admirateur passionné de l'univers de Wagner ; l'épopée grandiose, mondiale, la destinée romanesque d'Alexandre, héros qui, dès l'Antiquité, élabora son propre mythe. Là où Klaus Mann cède un peu à la banalité, c'est en donnant de l'homosexualité masculine une image tragique, même dans sa Grèce rêvée où Alexandre, repoussé par celui qu'il aime, se retrouve incapable d'aimer et se lance dans une aventure vide, qui ne le console pas. Ne parlons pas de Louis II, torturé par son "péché". La réflexion de Klaus Mann sur le pouvoir politique, esquissée en préface, ne m'a pas beaucoup intéressé, peut-être parce que je ne vis pas dans les années trente du XX°s, où un pouvoir extrêmement personnalisé dépendait des caprices et de la subjectivité des chefs (Staline, Hitler etc). L'auteur a toutefois le mérite de dépouiller son Alexandre de son aura poétique traditionnelle, en fait un amoureux frustré (à l'opposé des hagiographies) et un idéaliste vaincu. Cette version du mythe a beaucoup d'intérêt et d'originalité. La folie de Louis II est perceptible dans la nouvelle, sa représentation est réussie car on répugne à lire pareil texte qui fait pénétrer le lecteur dans le délire du héros. Toutes ces qualités ne compensent pas les faiblesses littéraires et narratives de ces deux récits : en particulier leur sécheresse (qualité dont l'excès nuit).
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