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Critique de meeva


Ce qui m'a vraiment chaviré dans ce livre, c'est la narration. Une voix calme, sans grand éclat et pourtant d'une force !
La narration reste assez détachée des personnages, nous ne faisons pas ici dans le voyeurisme. Larmoyants aussi, passez votre chemin. Mais nous ne sommes pas non plus dans l'objectivité froide, quelques réflexions nous rappellent que nous ne pouvons ( ?), devons ( ?) pas rester de marbre dans toutes les situations.

J'ai aimé faire un bout de route avec les personnages réfugiés : Virgil, le moldave, Assan et sa fille les somaliens, Chancal le bangladais. Enfin, c'est une façon de parler, bien sûr, tranquillou dans mon canap, loin de l'enfer d'un tel chemin. Ce que j'ai aimé, encore une fois, c'est la narration qui est faite de leur voyage. Raconté, pour chacun d'entre eux, en deux fois. D'abord très succinctement, puis avec quelques détails, mais pas trop. Là encore, on a un équilibre solide pour ne pas tomber dans le pathos.

Les scènes plus particulièrement décrites semblent avoir un but. Par exemple, l'infibulation qui souligne le poids des traditions sur les hommes et les femmes, au-delà du raisonnement et au-delà du raisonnable.

J'ai aussi apprécié le début de l'histoire, la rencontre des réfugiés, leurs débuts en France, leurs liens avec les autres réfugiés… En particulier le personnage de Talaat, d'abord brut de décoffrage puis tout en nuances finalement, car l'inhumanité est parfois partie intégrante de l'humain.

Mais rapidement, quelque chose a changé. Je n'y ai pas cru.
Pourtant je n'attends pas d'un roman qu'il me décrive forcément une réalité possible. Mais quelque chose s'est brisé dans un passage où Virgil est dans la forêt. Il connait les habitudes des promeneurs, il donne l'impression de savoir parfaitement comment ça se passe pour les réfugiés, de connaître le système par coeur. Alors qu'il est arrivé quinze jours avant…
Puis il y a quelque chose d'irréel dans la communication entre les personnages. Comment se comprennent-ils si facilement ? Au niveau de la langue, mais pas que. Pourquoi ceux-là arrivent-ils si facilement à exprimer, avec de quasis inconnus, ce qu'ils ressentent ?
Et pour continuer, il y a Julien et Elise… Un peu trop monochromes, même si pourquoi pas ? Mais là non. Avec un tel livre, on est censé être dans la nuance, ne faudrait-il pas être dans la nuance jusqu'au bout ?
Et pour finir, le moment « Disney ». Elle aurait pu être belle cette scène… Mais il aurait fallu qu'elle soit préparée et qu'elle ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe.

Mon avis est donc très mitigé mais je suis quand même contente de l'avoir lu, pour l'écriture et la narration, si belles…





Il est des inspirations musicales qui s'imposent à moi dès que j'ouvre le fichier pour écrire ma « critique ». Ici, du Mano Solo est tout indiqué, pour la beauté de son texte (et la musique sympathique), pour la proximité du sujet évoqué, et parce que… j'adore.

« Les habitants du feu rouge
N'ont plus qu'une main qui bouge
Pendant que l'autre s'agrippe encore
A l'espoir de ne pas faire partie du décor
[…]
D'un raz de marée qui les a j'tés là
Marins des trottoirs sans port ni belles histoires
Les seuls embruns sur leur visage
Sont ceux du dédain sur leur passage
Les habitants du feu rouge bougent quand tout le monde s'arrête
A contre-courant dans un monde en mouvement
Un peu d'répit dans la vitesse du mépris
Le vert est leur ennemi
Quand il libère les gens d'une réalité d'la vie
[…]
Ils sont prêts à tout même ne pas vous en vouloir
D'avoir besoin d'un sémaphore pour les voir »

Extrait de « Les habitants du feu rouge », Mano Solo :
https://www.youtube.com/watch?v=3cyLKUGH2mU

Lien : https://chargedame.wordpress..
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