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Critique de sandra_etcaetera


NOIRE INTIMITE

Années 20.
Il est éduqué et instruit, administrateur colonial pour la France. Il s'appelle Veneuse.
Elle est à Paris et depuis leur rencontre, elle l'aime et attend de ses nouvelles. Elle s'appelle Andrée.
L'un et l'autre s'aiment d'un amour profond, romantique, prêt à s'épanouir.
Pourtant cet amour parait totalement inconcevable à Veneuse, malgré ses sentiments sincères et puissants.
Car lui est noir. Elle est blanche.

Selon Veneuse, face au qu'en dira-t-on et au racisme rampant, la seule solution est de renoncer. A jamais.
Car il est selon la formule convenue alors, « le sale nègre ».
Un poste d'administrateur colonial l'attend au Tchad, l'occasion idéale pour fuir cet amour impossible.
Mais vous connaissez la pensée pascalienne : « le coeur a ses raisons que la raison ignore »…
Rien ne peut lutter contre l'amour éternel. Il hante votre âme, votre coeur et fait vibrer tout votre corps.
Andrée est toujours là, elle est sa fidèle compagne de voyage et emplit malgré son absence ses longues journées sur le bateau.
Quitter la France c'est pour lui comme s'arracher le coeur. Il subit ce départ, en est le spectateur, le corps déjà parti, le coeur auprès d'Andrée.
Mais l'amour ne suffit pas, il en est convaincu. La couleur de peau s'impose et s'interpose. le racisme ordinaire lui rappelle sans cesse, à lui qui n'aspire qu'à être « un homme pareil aux autres », qui n'aspire qu'à aimer. Andrée est la seule qui compte à ses yeux mais elle est surtout l'inaccessible.

Dès les premières lignes de ce roman de René Maran, premier auteur noir à recevoir le Prix Goncourt en 1921 (autant vous dire que ça a fait du bruit !), je savais que c'était un gros coup de coeur.
L'incipit m'a saisie et ébranlée d'emblée. Comme Veneuse, mon coeur s'est déchiré. Et plus je tournais les pages plus j'aimais ce roman et surtout ses descriptions des paysages traversés, véritables incarnations de toute la solitude incurable du personnage.

René Maran a composé ici un magnifique roman sous forme de road trip colonial et amoureux, portant un personnage souvent sombre, jouant parfois les Cassandre, laissant s'évader sa pensée jusqu'en France et constatant désarmé son incapacité à croire en l'avenir de son amour.

Un roman assez différent il me semble des autres textes que j'ai lus des éditions du Typhon mais qui restera certainement un de mes préférés par les émotions qu'il a suscitées en moi.
Je vous en conseille vivement la lecture pour vivre la douceur mais aussi les douleurs de ce voyage incontournable.
Merci aux toujours excellentes éditions du Typhon d'exhumer de tels textes d'une très grande qualité littéraire.
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