AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lusibilit


René Maran a ses détracteurs sur le plan littéraire, je n'en suis pas. La langue est belle, très classique. C'est Veneuse lui-même qui est censé rédiger la majeure partie du roman sous forme de journal intime, d'où une dimension pastiche indéniable : ça sent la khâgne et l'école coloniale. La dernière phrase est un pur joyau.
"Veneuse" décrit à merveille l'hypocrisie et les micro-agressions de la petite société qui se crée à bord du paquebot, puisque beaucoup de passagers supportent difficilement de devoir traiter un homme noir comme leur égal. Certaines situations et réflexions ont une pertinence toujours actuelle. Cela ne l'empêche pas d'avoir lui-même des réflexes racistes et de se conduire en cliché du fonctionnaire colonial.
Ce roman peut être une lecture éprouvante à cause de la misogynie du personnage (il y a pire, certes, mais on ne va pas le féliciter d'enjamber une barre au sol) et surtout de son misogynoir : épouser une femme noire n'est pas une option pour Veneuse, aucune ne peut l'égaler socialement et intellectuellement.

Si Maran s'est beaucoup inspiré de sa propre vie, ce serait une erreur de confondre roman et biographie comme le rappelle M. Mbougar Sarr dans la préface (qu'il ne faut surtout pas lire avant d'avoir terminé le roman, il divulgache presque tout). Je vois désormais encore plus de liens entre cette oeuvre et La plus secrète Mémoire des hommes.
Mais on comprend bien pourquoi Maran est passé à côté du mouvement de la négritude.

TW : mot en N évidemment, c'est d'époque.
Commenter  J’apprécie          00







{* *}