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Critique de tynn


tynn
06 février 2014
Au départ, c'était des bleus.

Des jeunes adultes, loyaux et idéalistes, tous animés de l'énergie débordante de leur jeunesse, jeunes chiens fous à la joie de vivre brouillonne, naïvement étonnés du triste sérieux des français, plongés dans la guerre depuis trois ans.

La compagnie K débarque en France en 1917.
Et le quotidien du trouffion, fut-il américain, les rattrape, avec la violence des armes, le bruit, la faim, le froid, la crasse, les brimades, la souffrance des corps, l'incurie et la vanité des gradés. Une triste réalité qui parle aussi de courage, de fraternité entre soi ou avec l'ennemi, de désertion, de l'esprit qui s'égare jusqu'à la folie et, dans les rêves de ces garçons, le désir de douceur d'une femme.
Le retour à la vie civile après la guerre est d'une brutale banalité.

Par ses chapitres courts de tranches de vie de soldat, ce livre prend aux tripes, plus que ne le ferait un bel ouvrage littéraire et narratif. Je me suis vue ouvrir le carnet de route d'un grand-père, retrouvé dans la poussière d'un grenier. L'essentiel est là, dit en mode factuel, parfois ironiquement grinçant ou humoristique, souvent fataliste, toujours tristement effrayant.

Le ton de ces brèves de combattants est si moderne que la guerre s'affiche en couleurs, sans ce noir et blanc désuet de nos images d'archives. Par son expérience personnelle, William March en dresse un tableau animé d'une grande justesse et d'une belle humanité.

De très beaux passages, comme des fulgurances, à l'image de cette vision onirique du Christ en croix répondant au soldat vindicatif demandant des comptes: "Dis-moi ce que je dois faire si tu le sais!..."
Et aussi cet homme, sur son lit d'hôpital, qui pleure de bonheur parce qu'il est blessé...

Poignant!
Mon conseil est de ne pas lire ce livre par petites touches, au prétexte de sa construction en chapitres indépendants. Il faut accepter de s'y plonger, de s'imprégner, de se faire bousculer... Juste quelques heures de furie pour nous, lecteurs, en modeste devoir de mémoire pour ce centenaire de la Grande Guerre.
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