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Critique de Soukiang


Maeva est une jeune adolescente comme toutes les autres, elle aspire à réaliser son rêve de toujours, devenir une sportive de haut niveau. Son tempérament, son énergie inépuisable, elle entraîne tout le monde dans son sillage, sa vie est programmée pour suivre les traces des meilleures championnes, tout va bien dans le meilleurs des mondes.
Un soir, bouleversée par une révélation, elle s'enfuit de la maison sans savoir que son existence va s'en trouver changée à jamais ...

Un premier roman auto-édité qui se révèle rapidement comme une leçon de vie, suivre le parcours émouvant d'une jeune fille de 13 ans, une histoire qui vous poussera à la réflexion et à l'introspection, comment trouve-t-on la force de faire face à la vérité, de se relever, comment puiser dans ses ressources pour affronter le quotidien, quelles sont les limites que l'on peut encore atteindre quand tout vous est enlevé, quand tout part à vau-l'eau, quand tout semble irrémédiablement perdu, je remercie l'auteure pour m'avoir fait découvrir son roman, inoubliable, exceptionnel dans son exploration des possibilités de l'être humain et de la signification de l'effort, du courage et de l'abnégation.

Quand j'avais lu et chroniqué il y a quelques mois un livre faisant écho à celui-ci (Faits divers de Zoé Mosca), j'avais alors éprouvé ce sentiment d'injustice mêlé à une sensation de révolte, un goût amer dans la bouche, le combat d'une mère de famille, la réhabilitation pour redonner un sens à sa propre vie et surtout rendre un vibrant hommage à son fils, un regard différent face à certaines variables de la vie difficiles à admettre et à accepter, Et soudain la vie bascule ! est de ces livres qui vous touchent au coeur et à l'âme de par les émotions véhiculées et les plus contrastées, des ondes de choc qui nous mettent à l'épreuve, des déchirures qui percutent et ébranlent les fils de la vie, une seconde d'inattention et tout est à refaire et ce, jusqu'aux plus élémentaires fondations, comme un retour aux sources, comme une remise en question de tous les fondamentaux et acquis cumulés depuis la naissance, repartir de zéro pour rebondir, pour remonter la pente, jour après jour, pas après pas, le sentiment d'éviter le pire en s'enlisant dans les sables mouvants et tortueux des méandres de cette fragile existence, Rome ne s'est pas fait en un jour, pourtant vous allez découvrir combien le chemin est long pour voir de nouveau affiché un sourire, retrouver le goût de vivre, de considérer les choses avec philosophie, la résistance humaine est à l'épreuve physique et mentale, rien n'est impossible, rien n'empêchera Maeva et tout son entourage à croire en l'impossible.

Une fiction certes mais qui s'inspire largement du parcours de vie de l'auteure, son combat intérieur et les batailles qu'elle a dû livrer envers elle-même et face à l'adversité sous toutes ses formes se répercutent à travers ce roman qui peut aussi se lire comme un témoignage vécu ou un récit authentique, la vérité n'est jamais loin, les personnages sont tous plus vrais de nature, ils sont le miroir et le pendant de Maeva dans toutes ses facettes, la proximité et les liens du sang font le reste, rarement j'ai lu un livre qui touche au plus près de la spontanéité, du naturel qui imprègne et se dégage de chacun des dialogues et autres joutes verbales, des rapports entre les membres de la fatrie, aucune concession pour se libérer dans le soutien mutuel et les efforts consentis, les rêves et les espoirs qui poussent chacun vers un horizon de tous les possibles, comment ne pas trouver en ce livre des raisons de croire que chacun a un ticket potentiel pour réaliser ses rêves, le temps est une donnée importante pour saisir l'urgence de la situation, pour ressentir les difficultés et mesurer le parcours du combattant.

Le premier jour du reste de ta vie ...

La force de caractère de Maeva, son dévouement contagieux à toujours aller plus loin, à repousser ses propres frontières pour se prouver d'abord à elle-même que tout est encore possible, jouable pour symboliser la compétition qui est le moteur de sa vie, participer ne suffit pas, la gagne avant toute autre chose, cette pile électrique est étonnante et impressionnante par cette aura, cette soif inextinguible de gravir voire brûler les étapes, aller toujours plus vite, force est de reconnaître que tout cela a un prix, un sacrifice n'est jamais vain, le retour de manivelle, le flux qui s'accompagne nécessairement de son alter ego, le courage et la meilleure volonté du monde pour entraîner tout l'entourage et les risques de causer des conséquences collatérales inévitables, l'abandon de soi et la solitude des êtres face à cette inconnue et la vérité, la marge de manoeuvre est si ténue qu'il est impensable de ne pas subir, se découvrir dans le regard de l'autre, s'épuiser à recueillir les fruits du labeur, l'adversité et la malchance de se retrouver en mauvaise posture, la construction de l'histoire nous laisse sans répit, la trame se veut dramatique mais sans jamais tomber dans le mélo, ni dans l'apitoiement sur soi, le bonheur inaccessible, le rêve lointain, tant qu'il y a de la vie, l'espoir n'est jamais loin, une inspiration et une audace inouïe pour démontrer sans pour autant tomber dans la facilité, la narration à la première personne se confond avec d'autres voix pour apporter cette fraîcheur et cette virevoltante danse de la vie, la famille est un socle, un havre de paix pour Maeva et les siens, la solidarité des siens, tout le monde ne lésine pas sur les moyens du bord pour recoller les morceaux, au bord de la crise de nerfs, ces tensions et autres révoltes étouffées succèdent des phases d'une douceur infinie, d'une mélancolie qui vous chavire le coeur, ce poids des souvenirs et d'un passé encore vif, cette avant et après qui se jouent de nos illusions et de nos espérances, le diable est sortit de la boîte pour venir tourmenter les humains ...

"Le vrai handicap est de penser que c'est impossible quand rien ne l'est vraiment"

A travers le titre éponyme du livre, dans le visuel de la magnifique et inspirée couverture de Vanaly Nomain et Marc Chiny, tous les sens sont mis en ébullition, l'histoire se lit comme un livre un ouvert sur toutes les palettes de l'émotion humaine, toutes les déclinaisons que l'on peut connaître dans le touchant et sublime portrait que l'auteur dessine au vitriol, sans fioriture ni complaisance, celui d'une famille qui sera soumise à rude épreuve, tiraillée entre les obligations et les aléas de la vie, entre les regrets et la culpabilité, les révélations qui fissurent progressivement, les portes qui s'ouvrent et se ferment comme pour mieux choisir le camp, pour redéfinir le tableau, pour cristalliser les énergies qui tourbillonnent dans l'esprit de tous les personnages, le stress, la colère et autre découragement n'en finissent plus de jeter le doute et l'incertitude, les plans sont remis en perspective, une histoire poignante pour oser, pour interpeller et donner une autre vision de certaines altérations et de tout ce qui touche à la limitation du champ des possibles de l'individu avec son environnement immédiat après un drame.

Le temps figé et suspendu dans les airs comme l'équilibriste sur un fil, l'appréhension de tomber, la peur de gagner un combat, la remise en question est constante et quotidienne, pour Maeva et les siens, ce sera le début d'un autre chapitre qui va voir se rapprocher ou s'éloigner des personnages, comme cet instant qui a fait tout basculer et décidé aussi de gangrener la vie d'autres, il est coutume de dire que l'on récolte ce que l'on sème, apprendre à vivre et à accepter la différence de l'autre, à défaut d'avoir vécu pour comprendre tous les points de convergence ou de ses effets tendancieux, de verser qui son fiel mielleux qui de l'humour caustique pour déboussoler les règles tacites et édictées, le sentiment d'assister à la désagrégation pour une renaissance, d'accompagner une certaine dissonance de voix pour l'interpréter de façon plus malléable ou cognitif de manière à ouvrir la voie, à tracer cette recherche indispensable et essentielle à trouver des raisons d'être, d'espérer et de continuer à vivre, à aimer son prochain et surtout de recomposer, de reconstruire, de consolider les fondations qui ont été durement éprouvées et secouées.

"C'est une question de vie ou de mort ..."

Le roman temporise, donne à réfléchir sur certains thèmes pertinents de la vie, de la mort, du deuil qui peut terrasser à tout moment,l'indifférence et l'ignorance sont peut-être parmi les choses les plus pernicieuses de la vie, la personnalité de l'héroïne dans son emprise et sa dynamique qui débordent dans toutes les pages, son attachement à tout prix à la vie renforce la compassion et l'empathie que l'on éprouve à son égard, elle vit constamment au-dessus de ses aptitudes tout en s'appuyant sur des rêves impossibles, c'est une belle leçon de vie, un acte de foi, une force de la nature et de caractère hors du commun, cela sera-t-il suffisant pour atteindre le nirvana après avoir touché le fond, pour renverser des montagnes ?

La douleur, les souffrances, les mots les captent avec une justesse palpable, le coeur ne ment pas, les larmes ne sont jamais loin, à l'image de toutes ces victimes qui subissent, qui doivent espérer, la vie ne fait pas de cadeau, si l'on est jamais aussi bien servi par soi-même, cette histoire vous démontrera aussi que la victoire, que le sport soit individuel ou collectif, le combat n'est jamais totalement neutre ou un acte isolé.

"Ne jamais ignorer quelqu'un avec un handicap, vous ne réalisez pas combien ils peuvent vous inspirer."

Le don de soi, le sacrifice des uns des autres, la résistance physique et psychologique, trouver la force morale de franchir les obstacles les uns après les autres, chercher des solutions pour avancer, jour après jour, "Le succès c'est tomber sept fois, se relever huit" (proverbe japonais), un premier roman indépendant qui démontre toute la puissance de l'histoire à transcender ses personnages devant des épreuves qu'ils ne pensaient jamais avoir un jour à les affronter, apprendre à souffrir, c'est peut-être là l'une des clés pour apprécier la vie en long, en large et avec tous ses travers déjà vaincus.

Un roman coup de coeur pour conclure, pour achever une fin qui nous annonce une surprise, encore une s'il était possible encore de croire, de vouloir, d'espérer, la vie continue ... même quand elle a basculé !

Et soudain la vie bascule ! de Perrine Marche Auteure est une ode magistrale à la vie !!!
❤️❤️❤️
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