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Critique de Sachenka


Après la lecture d'un roman de Javier Marias, je me trouve souvent dans une sorte d'état second. Un mélange de rêverie, de ravissement, de curiosité intellectuelle, d'anticipation, et d'un tas d'autres choses sur lesquelles je n'ai pas encore mis un mot. C'est un don précieux. En plus, cet auteur espagnol a le sens de l'intrigue.

Dans ce premier tome de sa trilogie Ton visage demain, on retrouve l'Espagnol Jaime Deza (ou Jacques, ou Jacob, ou… peu importe, c'est selon), le narrateur d'un roman précédent, le roman d'Oxford, et cette même ambiance universitaire anglaise. Moi, j'aime bien. Soirées mondaines, haut gratin intellectuel, peut-être financier, surtout diplomatique. Mais qu'y fait cet attaché culturel espagnol, de la Garza ? Et qu'en est-il de ce monsieur Bertram Tupra ? Leur rencontre ne semble pas fortuite, son mentor Peter Wheeler le pousse vers ce personnage, qui sait plus écouter que parler. Très intrigant. Par la suite, ils se rencontrent à quelques reprises, puis ce Tupra fait appel à ses services. Mais ce qu'il demande dépasse largement les compétences d'un simple traducteur…

Javier Marias a le don de tenir ses lecteurs captivés. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Je ne parle pas ici de ces histoires où des péripéties sans fin s'enchainent les unes après les autres, dans le genre thriller qu'on achète à l'aéroport, non ! La llenteur avec laquelle il déballe son histoire ne s'y prête pas. Je parle plutôt d'une intrigue qui peut, à tout moment, basculer, faire tourner dans une autre direction. Même une banale rencontre peut mener à diverses avenues. Cette femme, deviendra-t-elle sa nouvelle flamme ? le mari de celle-ci voudra-t-il se venger ? Est-elle plutôt un agent secret ? Chargée de l'espionner, de le distraire ou de le supprimer ?

Ton visage demain, qui aurait pu n'être qu'une autre intrigue amoureuse à Oxford, ou même une critique de ce milieu universitaire, ou plus probablement une réflexion sur la nature humaine. Pourtant, on glisse tranquillement, surement, mais jamais complètement, dans un roman d'espionnage. En effet, tous les indices semblent diriger vers cette voie mais quelle est la mission ? Pas très clair, et c'est pour le meilleur. La vérité, c'est que c'est un peu tout ça à la fois.

Certains diront (se plaindront) que le rythme est lent. C'est pourtant nécessaire pour assimiler toute l'information. Après tout, Wheeler, Deza, Tupra, ce sont tous des hommes au sommet de leur réputation. Ne devient pas expert à Oxford qui veut ! C'est que Javier Marias est un érudit. Son livre est rempli de références à l'histoire, à la Guerre d'Espagne, aux pays latino-américains, aux services secrets britanniques, à la Deuxième Guerre mondiale, etc. C'est que les histoires de quelques uns des personnages y sont intimement liées. Et l'histoire aussi.

Bref, Ton visage demain n'est pas le thriller habituel que l'on traine à la plage, non ! Il faut s'en délecter le soir, à la lueur tamisée d'une lampe qui projette des ombres sur les murs. Avec un cognac ou un vin rouge corsé, ou encore un café, c'est selon. Mais, surtout, sans se laisser distraire…
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