Le dernier roman de
Thierry Marignac cavale, avec de savoureuses expressions, au travers de situations pour le moins compliquées. Compliquées pour les personnages dont on devine qu'ils auraient pu exister dans la vraie vie. Tant de duplicité, de courage, de bassesse, de fraternité ne peuvent qu'avoir été croisés portés par des lascars embusqués dans une salle de café enfumée.
Par manque d'imagination, le lecteur dévore les premières pages en songeant au film qu'on pourrait faire d'un tel scénario. Mais très vite, ce même lecteur (moi, par exemple) doit renoncer à cette facilité. Chacune des situations décrites, chacun des moments croqués, chacune des réflexions suscitées par l'histoire haletante qui se déroule dans Morphine Monojet est transcrit en utilisant le vocabulaire qui colle le mieux au moment : grand style, romantique, érudit, argotique, scientifique… tout cela dans un même paragraphe et sans rupture de style.
Morphine monojet, roman noir, est paradoxalement un livre blanc. Livide comme la peau des personnages - même si celle-ci vire au bleu lorsqu'ils approchent de l'O.D. Blanc comme le silence que l'on respecte lorsqu'on approche de la tombe d'un ami trop tôt disparu. Blanc comme les 5 dernières pages offertes à notre réflexion de vivants.
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