Compilation savamment ordonnée qui rétablit autour du nom phare de
Pouchkine le cercle de jeunes gens ayant fait la bringue ensemble et rivalisé par le jeu de la versification. Mêlant les grands événements aux états d'âme les plus personnels, cet assemblage forme l'antithèse des ouvrages historiques qui considérent du haut des cabinets ministériels la masse anonyme des peuples et croient discerner un sens à leur destin. Au-delà des conventions de style qui, en poésie comme en musique, structurent la création en rythme et harmonie, des ondes mystérieuses redonnent chair et sentiments à des voix depuis longtemps éteintes. La vie consiste à voir disparaître ce qui en fait le prix. Personnellement, je ne le ressens jamais plus profondément que lorsque les mots s'alignent avec parcimonie, sans rimes ni fleurs, à la manière de
Vassili Joukovski, seul devant la tombe de Macha Protassova, la femme qu'il aima sans retour et qui mourut en couches.
"Tu étais douce
Et silencieuse ;
Ton regard triste
Disait ton âme.
Ressouvenance
Des jours qui furent !
Ce fut l'ultime
Sur notre terre.
Tu t'es soustraite
Comme un archange.
Ta tombe est douce.
Là, s'illumine
Toute mémoire
De notre monde,
Là, s'illumine
Toute espérance.
Astres des cieux...
O, douce nuit !..."
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