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Critique de fanfanouche24


"Les Américains furent nombreux à pleurer sa mort [Norman Rockwell ] : scout conservateurs, lecteurs irréductibles du "Post", agences de publicité, militants libéraux. Mais jusqu'au début du XXIe siècle, les critiques d'art restèrent fort discrets- Peut-être parce que, comme tous les grands illustrateurs, Rockwell était avant tout un conteur dont les histoires intéressaient ses concitoyens, les faisaient rire ou rougir. L'art était pour lui un moyen de transmettre des chroniques. Elles constituent désormais un pan de la mémoire ou du rêve américain." [conclusion ]

Invitée chez des amis dans le Jura... j'ai déniché dans leurs rayonnages cet ancien Taschen sur un peintre américain que j'affectionne tout particulièrement: Norma Rockwell qui nous fait passer souvent du rire aux larmes !! Je me suis à nouveau plongée avec enthousiasme dans son univers pictural, si riche chromatiquement et "humainement" !!!

L'un des peintres les plus populaires de l'Amérique, Rockwell alterne dessins publicitaires, couvertures du "Saturday Evening Post", en sachant qu'à l'époque, l'art publicitaire est un vrai filon...
Parmi d'autres oeuvres, une de mes préférées "Noirs dans les banlieues" (1967):
Deux groupes d'enfants se font face: d'un côté, deux enfants noirs et un chat blanc, de l'autre, trois jeunes blancs, avec un chien noir... Ce qui est admirable chez Rockwell est aussi de traiter de faits de société graves (là, le racisme) sur un mode facétieux !

Cet artiste offrira des études inoubliables de la ségrégation raciale... Engagement passionné du peintre en faveur du futur mouvement pour l'égalité des droits qui se développera dans les années 60.

Norman Rockwell réalisa des illustrations pour des livres ...et au bout de vingt-six ans où il assura les couvertures du "Post", mais avec l'anxiété engendrée par la guerre, l'artiste se remet en cause, réévalue son talent et sa carrière. Un besoin de sortir du cadre publicitaire, commercial pour réaliser une oeuvre plus profonde... Cette nouvelle orientation va être lancée, nourrie par "La Charte Atlantique", promulguée en août 1941 par Roosevelt & Churchill. Cette année-là, Roosevelt énonce les quatre
libertés essentielles à l'esprit de la Charte...

1. le droit de ne pas vivre dans la peur
2. le droit de vivre à un niveau de vie décent
3. La liberté de parole
4. La liberté de culte

Rockwell proposa au gouvernement américain de réaliser un grand tableau pour son pays... mais il fut reçu de façon cinglante à Washington. La rédaction du "Post" averti de la façon humiliante dont leur artiste fétiche a été traité, décida de faire imprimer ces affiches sous forme d'encarts insérés dans le Journal ! "C'est ainsi que les quatre libertés de Rockwell
bénéficiant de la grosse artillerie promotionnelle du "Post" devinrent aux Etats-Unis, les icônes n°1 de la seconde guerre mondiale"

En dépit de son immense talent, Rockwell, fut poursuivi par l'image réductrice de ses travaux publicitaires, et pas considéré à sa juste valeur... Pourtant, quel artiste , entre malice, ironie, tendresse, empathie envers ses personnages et portraits [ Une très bouleversante toile découverte, il y a longtemps, "Fillette au miroir" (1954), une fillette mélancolique, au
seuil de l'adolescence ]sans omettre que l'artiste s'est toujours profondément engagé dans les problèmes moraux de son temps !

Cette publication des éditions Taschen nous offre de belles reproductions de l'ensemble de son oeuvre, ainsi qu'une chronologie du parcours
de l'artiste, en fin de volume...ainsi qu'une analyse percutante et affinée de l'art de Norman Rockwell !

***Lecture 23 -24 mars 2019
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