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Critique de Sando


Jean-Pierre vit dans une cité à La Courneuve, entouré de cinq frères plus âgés, d'une mère aimante mais dépassée par l'énergie de ses fils et d'un père alcoolique et violent. Pas facile dans ces conditions de se faire une place à soi, de s'imposer, surtout quand on est le petit dernier. Heureusement, il y a les copains, et avec eux tout paraît plus simple…

Dès le primaire, des clans se forment, des amitiés se nouent et gare à ceux qui, comme Barthélémy, boudent ces amitiés… Barthélémy c'est LE meilleur élève de la classe, celui qui voyage à l'étranger, celui qui a toujours les meilleures notes, celui qui a toujours réponse à tout, celui dont toutes les filles sont amoureuses. Il faut dire qu'avec ses cheveux blonds et longs, lui aussi a l'air d'une fille ! de ce fait, si les garçons le jalousent en secret, ils n'en ont pas moins fait leur souffre douleur. Mais le pire dans tout ça, c'est que Barthélémy (qui deviendra ensuite « Mimi »), ne semble pas s'en soucier. S'il lui arrive de pleurer face aux violences subies, celles-ci semblent aussitôt oubliées et ne sont jamais rapportées à une autorité supérieure. C'est cette androgynie et cette force de caractère insoupçonnée chez Mimi qui semblent fasciner JP et provoquer en lui à la fois un sentiment de haine mêlé de compassion.

C'est ainsi que l'on suit, dans la première partie du roman, la scolarité intimement mêlée de ces deux garçons. Avec les années, la violence des persécutions va en grandissant à l'encontre du malheureux Barthélémy, jusqu'à l'humiliation ultime qui prend la forme du viol, mais qui restera impunie selon la loi du silence que s'est imposé le jeune adolescent. Ce n'est qu'à la fin de la classe de troisième, avec le redoublement de JP et le déménagement de Mimi, que les brimades cessent pour de bon.

Commence alors la seconde partie du roman, qui se déroule une quinzaine d'années plus tard. On retrouve JP devenu pizzaïolo et blasé par la vie qu'il mène. Il a un salaire ridicule, une compagne qui le rebute et aucune amélioration d'avenir en perspective. Jusqu'au jour où il recroise par hasard Barthélémy, devenu politicien, vivant dans une magnifique demeure et marié à une femme sublime. L'obsession de JP pour son ancien camarade de classe refait alors surface. Il commence par espionner le couple et parvient finalement à intégrer son cercle privé, profitant du fait que Barthélémy ne l'a pas reconnu… Une amitié factice se lie entre les deux hommes, laissant présager l'horreur du drame à venir…


Voilà un résumé un peu long pour parler de ce livre complexe, tant au niveau de la psychologie de ses personnages, que des émotions qu'il fait ressentir au lecteur. J'ai vraiment été passionnée par ma lecture, tout en étant bien consciente de ce qu'elle avait de dérangeant et de malsain. Tout d'abord, il faut dire que le narrateur n'est autre que JP, ce gamin de la cité. En conséquence, c'est un langage oral et très familier qui est employé et ce, tout au long du livre (ce qui n'est pas pour plaire à tout le monde !). de plus, on est confronté à chaque instant à l'ignorance, aux préjugés, à la bêtise, à la violence et à la folie de ce même personnage, ce qui donne le ton du roman… L'abondance de violence gratuite rend parfois la lecture insoutenable. Et pourtant, je dois dire que j'ai été conquise par le travail de Sébastien Marnier que j'ai trouvé très abouti. Il a choisi un sujet qui n'était pas évident et l'a assumé jusqu'au bout. le personnage de JP, complètement névrosé, obsédé sexuel, homosexuel refoulé, mythomane et violent est réellement passionnant. On suit avec angoisse la montée de sa folie qui atteint son paroxysme à la toute dernière page. Bref, un roman que je ne recommanderais pas à tout le monde, et en cela je peux comprendre qu'on déteste, mais qui, pour ma part, m'a vraiment marquée !

Un grand merci à Libfly et au Furet du Nord pour cette étonnante découverte !

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