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Critique de Chrisdu26


«Bleu encre, bleu azur, bleu marine, bleu klein, bleu cyan, bleu outremer, le bleu est une couleur chaude

Mais la vie, parfois, est un gros hématome. Comment vivre pleinement une histoire d'amour quand tout fait entrave sur le chemin de la vie, les amis, l'entourage, la société et même sa propre famille ? Et bien je vous le dis sincèrement, c'est une histoire qui est vouée à l'échec. Pourquoi ? Parce que les gens qui ne rentrent pas dans le moule n'ont pas droit au bonheur, ainsi va la société et la société, c'est NOUS !

A 16 ans, l'âge des révélations et des métamorphoses, du complexe du homard, il est extrêmement difficile d'aimer, de s'aimer, de voir son corps changer. Tout n'est qu'effervescence et c'est dans cette vulnérabilité que Clémentine se rend compte de sa différence. Clémentine n'est pas attirée par les garçons et refoule l'attirance qu'elle a pour Emma, Emma et ses cheveux si bleus. Pourtant, elle devra se rendre à l'évidence et accepter son homosexualité, envers et contre tous. Rien ne sera plus comme avant, son chemin sera semé d'embuches, de doute et elle devra se battre pour vivre et survivre.

C'est au prix d'une très grande souffrance que Clémentine vit cette mise à l'écart. Elle défiera les préjugés, le regard des autres, le mépris, les sarcasmes, le rejet de ses parents. Pour vivre heureux vivons cachés, mais combien de temps ? Aura-t-elle ce temps nécessaire afin d'être heureuse et de faire accepter sa différence ? Tout au long de ce récit, intense et débordant de vérité, nous vivons le combat de cette jeune fille fragilisée par l'incompréhension de son entourage. Clémentine nous peint son quotidien dans une société qui accorde peu de place à la différence, les homos, les gros, les maigres, les vieux, les laids, en revanche pour les cons…

Ce « one shot » est sublime par son écriture, son esthétisme, et son graphisme. Les personnages sont expressifs et émouvants. Les quelques scènes d'amour sont touchantes et d'une extrême douceur. Des nuances de gris dominent, parsemées de-ci de-là par un dégradé de bleu qui saisit l'instant. Cette première oeuvre réussie de Julie Maroh aborde avec pudeur et sensibilité l'homosexualité féminine. Elle met un grand coup de pied dans la fourmilière et dénonce sans tabou et faux semblant les méprises et les injustices envers la différence. Certaines répliques de cet album choquent et scandalisent :
« C'est des vrais pervers, des malades…. une grosse gouine…tu aimes faire des trucs dégueu'…ça me donne envie de gerber […] »

Notre société puritaine nous inculque des valeurs et des clichés prédéfinis dès notre enfance : Il était une fois une Barbie hétéro, belle, mince, (désolée les grosses ça marche pas) tantôt infirmière, tantôt baby doll. Elle aimait Ken, grand, fort, bronzé avec de vraies tablettes de chocolat (hé oh, j'ai payé, je veux « the must » pour mon image). Ils jouaient tous deux au Monopoly pour devenir très riche, (et ouais si tu es pauvre ça marche pas non plus), alors si toi tu es homo, grosse, laide «you lose» direction la prison sans passer par la case départ, ben quoi c'est un jeu de société.

Et si dans la caisse de la communauté je tirai la carte de LA TOLERANCE et dans le paquet de la chance celle de l'AMOUR ? Il est pourtant si facile d'inculquer de vraies valeurs !

« Il n'y a que l'amour pour sauver ce monde. Pourquoi j'aurais honte d'aimer ? »

Clémentine nous dit ses maux bleus, ses maux qu'elle dit avec les yeux, des maux qui ne vous laisseront pas de glace.

Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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