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Critique de LoupAlunettes


Pour lancer cette mise en bouche, comme nous aimons croiser les références culturelles pour remettre un peu plus en lumière des thèmes de nos romans choisis, vous noterez cette série tv bien dans la période et le sujet qui vont suivre : " Gilded Age". Une production tv historique américaine où dans une fiction, en 1882, différentes couches sociales d'une même rue coabiteront et tenteront de maintenir des traditions élitistes ou faire tourner le monde américain.
Derrière le voisinage des belles maisons coloniales, des nobles descendants des anglais du Mayflower qui ne travailleront pas mais investisseront leur fortune;
également des américains, nés roturiers et forgés au nouveau rêve politique américain de la fortune pour tous, les "vulgaires" selfmade men, des parvenus doués en affaire qui voudront se faire passer pour une classe noble;
puis enfin, les gens de couleur tout aussi doués, tout aussi prèts à s'élever dans la grande société et à se faire inviter à des bals de gens fortunés, là où se croisent les puissants.
C'est à découvrir en plus du roman " Les Davenport", on y comprend vraiment bien l'enjeu entre toutes ses couches d'immigrants des Amériques de la fin du 19-début du 20ème siècle, où pour l'équilibre d'une société, suivant un système où les grands n'ont nul besoin de travailler ou de subvenir à leurs besoin par eux-mêmes, il faudra indubitablement des pauvres pour que les nobles continuent d'exister dans l'imaginaire collectif, comme une puissance dominante de décision de l'Amérique et méritante de ses avantages.

Pour le roman " Les Davenport", nous serons déja en 1910, au 20ème siècle.
La 1ère de couverture ne laissera aucun doute sur la situation, nous serons dans une belle société de gens de couleur.
Seront-ils des parvenus qui n'oublieront pas d'où ils viennent ou feront-ils preuve d'orgueil, oubliant menton levé le passé et dédaignant les classes moyennes et plus pauvres à leur tour?

Le reste du monde (plus blanc) aura t-il, lui, changé son regard sur cette communauté voisine, cessé de voir à travers ces gens qui auront pourtant réussi professionnellement d'anciens domestiques qui s'encanaillent avec le cigare et la dentelle, voire pire une race d'anciens esclaves.
De combien de générations seront-ils des affranchis?
Nous l'apprendrons.
Comment cela va t-il s'harmoniser avec leurs désirs d'égalité avec les blancs les plus riches? Cela va t-il cesser de les hanter?
Nous le saurons, également.

Des héroïnes.
Plusieurs voix et plusieurs familles, mais des cas de figures différents pour observer cette quète de réussite dans l'échelle sociale, principalement des femmes:
- La famille Davenport, des propriétaires noirs qui auront bâti leur empire financier: Olivia l'ainée espèrera faire un beau mariage pour entretenir la réputation familiale. Helen, la plus jeune, se perfectionnera dans sa passion mécanique des voitures, suffisamment pour être prète à demander un travail à son père sur un poste masculin.

- La famille Trémaine, des propriétaires noirs lancé en politique: Ruby, la fille du chef de famille, est une amie d'enfance. Elle aussi espère le beau mariage mais pour en plus soutenir un père désargenté, qui fera de mauvaises affaires, qui veut être le premier maire noir de Chicago. Ruby aura, on le devine, l'habitude d'obtenir ce qu'elle veut, elle est audacieuse, coquette, jalouse et très amoureuse du frère ainé Davenport qui en convointe une autre.

- La famille Shepherd, les domestiques noirs des Davenport: Amy-Rose, la fille de la bonne, est finalement domestique comme l'était sa mère, recueillie enceinte par les Davenport.
Elle sait coiffer, elle aspirera un jour à ouvrir sa propre boutique et sortir de sa condition héréditaire de domestique.
Elle est aussi un peu présentée comme un fruit ravissant et tentant pour ses maîtres les plus jeunes.
Amy-Rose saura mieux que quiconque ce qui pourrait advenir d'elle si elle les laissait lui tourner la tête avec des roucoulades, des gestes déplacés, elle en est la preuve vivante et adieu ses rêves d'avenir.

Où cela nous mènera t-il pour cette promesse d'aventure?
Roman ado historique ou saga fleuve sentimental avec son lot de trahisons amicales ou amoureuses?
Un peu des deux, un peu de romance à prévoir certe mais appuyée par un solide fond intéressant.
On le sentira en lisant, Olivia, la plus insouciante, obéissante, paiera aussi le prix de cette tranquilité d'esprit à jouer les "princesses" offert par ses parents, qui préserveront leurs enfants des récits tourmentés et violents du passé esclavagiste.
Quelques rencontres providentielles de gens riches, eux, de conviction, sur le devenir de la communauté noire d'époque lui donneront le tournis.
Se fourvoie t-elle dans ses objectifs? Quelles seront les vraies chances d'avoir une belle vie si la famille n'est pas une grosse fortune de la ville?
Ne composant qu'au présent, elle réalisera sa déconnexion avec le commun des habitants qui viveront plus chichement qu'elle, les soupes populaires, les droits des femmes... Olivia n'aura pas besoin de travailler, ni de voter, ni de défendre férocement ses droits civiques et cela va commencer à la questionner, le rouge aux joues.
L'avocat DeWight la regardera t-il vraiment comme une sotte, une pauvre petite fille riche trop gâtée et en dehors des réalités?

Chaque destin de personnages féminins promettra un fond d'histoire de la communauté, une direction différente donnée pour ces femmes noires riches et moins riches de Chicago.
Que devront-elles défendre ou sacrifier avec priorité pour que leur avenir change : un bon mariage, leur réputation, leur droit de s'exprimer et de ne dépendre que de leurs talents?
Pourront-elles choisir aussi qui aimer?
C'est à découvrir.
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