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Critique de trust_me


Une halle couverte aux vitres monumentales, du monde partout, un brouhaha d'enfer. Un reporter, caméra sur l'épaule, suit un concierge de luxe à la recherche de bonnes affaires pour ses riches clients. La marchandise qu'il convoite est étudiée de près et doit répondre à des critères physiques précis. Seuls les plus beaux spécimens l'intéressent.

Ici, on vient acheter des femmes : « la tragique raréfaction du sexe féminin avait conduit les gouvernements à prendre des mesures draconiennes pour éviter sa disparition ». Privées de liberté, les femmes sont devenues des produits, du bétail rare et hors de prix. Asservies, exploitées, elles ont perdu le statut d'être humain. Mais la colère gronde. Soudain, alors que le chef de l'état arpente les allées, une étincelle embrase la foule et sonne le temps de la révolte. Dans la panique ambiante, le reporter suit la jeune femme qui a mis le feu aux poudres, bien décidé à évacuer la frustration qui l'habite depuis trop longtemps : « Je veux ce qui me revient de droit. Je veux tes seins et tes fesses. Ta bouche aussi. » Mais la belle est bien décidée à ne pas se laisser faire car « le temps des femmes dociles s'achève ».

Une nouvelle de Frédérique Martin dans l'esprit du recueil publié il y a peu. Avec ce soupçon d'étrangeté, cette ironie mordante et cette représentation d'un futur proche pour le moins effrayant. Sans compter qu'à ces ingrédients vient s'ajouter une tension sexuelle parfaitement mise en scène.

Que retenir de ce texte si joliment troussé ? Que le sexe fort n'est pas celui que l'on croit ? Qu'une virilité de façade et une force physique portée en étendard ne suffisent pas à asseoir une quelconque supériorité ? Frédérique Martin le démontre avec finesse et conviction, sans gros sabots. Parce que l'évidence saute aux yeux : malgré les apparences, les rapports hommes/femmes sont toujours menés par ces dames.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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