Frédérique Martin : "Je sais que je travaille sur une nouvelle si je connais la chute" .
L'écrivaine
Frédérique Martin parle de son recueil de nouvelles J'envisage de te vendre, publié chez Belfond. Elle évoque les différences entre le travail d'écriture de roman et celui d'écriture d'un recueil de nouvelles. Elle décrit également le retravail avec son éditeur.
La folie, c’est peut-être la seule réponse que certains ont trouvée à la grande douleur de vivre.
C'est ce qui arrive quand les chocs sont trop rudes, on se ferme, on se coupe de tout. C'est comme un bandage qu'on serre autour du coeur.
On ne refait pas sa vie
On continue seulement
On dort moins bien la nuit
On écoute patiemment
De la maison les bruits,
Du dehors, l'effondrement
Stéphane Eicher, "Tu ne me dois rien" (paroles de Philippe Djian)
Ainsi va la vie, on se tourne vers le passé, on se projette dans l'avenir, impuissants à savourer le moment présent. (..) Toutes [nos] sensations devraient s'ancrer là, maintenant, durant leur brève existence, avant de disparaître à jamais. Il faudrait laisser leur place, donner leur poids à chaque mot, chaque seconde, demeurer dans la présence simple et attentive, demeurer et vivre, vivre. Mais non, à la place, on espère ou on se souvient, c'est regrettable sans doute, mais c'est ainsi.
La folie, c’est peut-être la seule réponse que certains ont trouvé à la grande douleur de vivre.
L’argent, le pouvoir, le sexe, c’est le trio gagnant des demeurés. Le seul véritable moteur, c’est les enfants. Ils servent d’alibi à tous les agissements. Qu’est-ce qu’on ne commet pas au nom du sacro-saint amour parental. Parce que ce qu’ils espèrent, ces parents modèles, et qui souvent se vérifie, c’est qu’ils seront aimés, quoiqu’ils fassent.
Je rêve d’une vie paisible, écartée de tout ce qui m’égorge. M’extraire. La solitude pour survivre, je ne vois rien d’autre. Rompre tous les liens, cesser d’aimer, et surtout d’être aimée. Un leurre magnifique, l’amour, une stupéfiante machine à tuer issue des profondeurs de la création.
Peut-être que, pour s’occuper du cœur des autres, on est dans l’obligation de se défaire du sien.
L'âme est anéantie par les organes, on ne peut que douter de tout après qu'on a compris cela.
Certains événements sont au-delà du pardon ou de la compréhension, ils prennent racine dans des choses humaines trop lourdes pour être nommées. J’ai fini par admettre qu’on doit juste y consentir.