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Critique de Allantvers


Quelle saga, quel monument que ces Thibault !
Encore légèrement enfiévrée des dernières pages tournées, je n'arrive pas à comprendre comment cette oeuvre magistrale a pu tomber en désuétude, malgré son Nobel en 1937.
D'accord, il y a quelques longueurs (quoi d'étonnant sur un cycle de près de 2500 pages), mais les raisons de s'enrichir de ses huit volumes ne manquent pas, je vous en donne cinq :

1) Les Thibault, c'est LA saga du tournant du siècle, témoin d'un monde encore empreint des codes bourgeois compassés du 19ème mais déjà frémissant d'aspirations nouvelles ; au-delà de l'histoire romanesque de la famille Thibault, les réflexions et développements sur les idéologies concurrentes de l'époque sont passionnantes – voire toujours brûlantes d'actualité.

2) On a tous autour de nous des Jacques et des Antoine, voire en nous du Jacques et de l'Antoine, et il est impossible de ne pas se retrouver à un moment dans l'idéalisme hyper-sensible de l'un ou dans l'énergie conservatrice de l'autre, ou à défaut de ne pas être interpelé par l'antagonisme irréconciliable de ces deux fois inébranlables ; la profondeur de la relation entre ces deux frères que tout oppose a quelque chose de transcendantal, bien au-delà de l'amour fraternel.

3) Les Thibault, c'est aussi un passionnant retour documenté, analysé, mis en perspective sur la première guerre mondiale ; même si cet aspect est un peu trop longuement abordé en particulier dans « L'été 1914 », il y a quelque chose de l'essai historique de premier plan dans les Thibault, où l'on apprend beaucoup et de manière contrastée sur les causes affichées et secrètes, les aspirations et états d'esprit des peuples et de leurs dirigeants à l'aube du conflit mondial

4) Les Thibault, c'est encore de longs morceaux de bravoure, d'une force incroyable, comme par exemple le récit éprouvant de l'agonie du patriarche Oscar Thibault (« La mort du père »), l'opus « La consultation » centrée sur le personnage d'Antoine médecin, un récit propre à éveiller les vocations ! ou encore la mission hallucinée de Jacques au-dessus de la ligne de front (« l'Eté 1914). Et surtout, le journal crépusculaire d'Antoine dans les deniers jours de la guerre (« Epilogue »)

5) Enfin, le style, magnifique ! tantôt romantique et lumineux, tantôt incisif et plein de souffle. Et fluide, toujours, sans quoi je n'aurais jamais pu lire toute cette saga d'une traite.

Fi donc aux accusations de désuétude, les Thibault est une oeuvre à la portée universelle qui n'a pas pris une ride, et qu'il faut avoir lu !
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