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Citations sur Les Thibault - Intégrale (1-3) (20)

L'intelligence humaine est si essentiellement nourrie de futur que, à l'instant où toute possibilité d'avenir se trouve abolie, lorsque chaque élan de l'esprit vient indistinctement buter contre la mort, il n'y a plus de pensée possible.
(La mort du père)
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« Mais est-ce qu’il n’est pas pénible de penser que tout l’effort d’une vie individuelle viendra peut-être se perdre dans les alluvions anonymes d’une génération ? » (La belle saison, p. 363)
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Ceux qui se soumettent à leur sort, sans protestation, sans révolte. […] leur résignation, qui est une forme de conformisme, est un renoncement à une attitude vitale qui n’a pas été toujours celle du conformisme.

Leur conformisme est la résultante d’une lutte ou d’une révolte souvent de longue durée, qui se heurtait à de continuels échecs, lesquels ont amené l’individu à la certitude de l’inutilité de la lutte.
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Elle inclina légèrement la tête, puis sortit, accompagnée d'Antoine et suivie par M.Thibault.
"La huguenote!" ricana l'abbé Binot, dès qu'elle eut disparu.
L'abbé Vécard ne put réprimer un geste de reproche.
"Quoi? La huguenote?" balbutia M.Chasle en se reculant, comme s'il venait de poser le pied dans une flaque de la Saint-Barthélemy.
(Le cahier gris)
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Il pensa tout à coup à son aîné comme il s’était rarement permis de le faire. Il le vit satisfait et appliqué. Énergie, soit ; mais intelligence ? Une intelligence de zoologiste ! Tellement positive. cette intelligence. qu’elle avait trouvé, dans les études scientifiques, sa pleine dilatation ! Une intelligence qui s’était construit une philosophie sur la seule notion d’activité, et qui s’en contentait ! Et, — ce qui était plus grave encore, — une intelligence qui dépouillait toujours les choses de leur valeur secrète, de tout ce qui était, en somme, le véritable sens, la beauté de l’univers !
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Qui sait, Thibault? Peut-être que ceux qui pensent comme votre frère sont des précurseurs? Peut-être que cette guerre fatale, en déséquilibrant à fond notre vieux continent, prépare une floraison de pseudo-vérités nouvelles que nous ne soupçonnons pas?... Ce serait presque bon de pouvoir croire ça... Pourquoi non? Tous les pays d'Europe vont avoir à jeter dans ce brasier la totalité de leurs forces, aussi bien spirituelles que matérielles. C'est un phénomène sans précédent. Les conséquences sont imprévisibles... Qui sait? Tous les éléments de la civilisation vont peut-être se trouver refondus, dans ce brasier! Les hommes ont encore tant d'expériences douloureuses à faire, avant le jour de la sagesse!... le jour où, pour organiser leur vie sur la planète, ils se contenteront, humblement, d'utiliser ce que la science leur a appris...
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« Nous autres, les Thibault, nous ne sommes pas comme tout le monde. Je crois même que nous avons quelque chose de plus que les autres à cause de ceci : nous sommes des Thibault. […] Il doit y avoir en nous une combinaison exceptionnelle d’orgueil, de violence, d’obstination. […] Les Thibault peuvent vouloir. Et c’est pour ça que les Thibault peuvent tout entreprendre. Dépasser les autres ! S’imposer ! Il le faut ! Il faut que cette force, cachée dans une race, aboutisse enfin ! » (Le pénitencier, p. 200 & 201)
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« Mes pensées tournent en rond : la mort, le peu qu’est une vie, le peu qu’est un homme ; l’énigme à laquelle l’esprit se heurte, dans laquelle il s’enlise, dès qu’il cherche à comprendre. Toujours cet insoluble « au nom de quoi ? » […]
Au nom de quoi les sentiments désintéressés, le dévouement, la conscience professionnelle, etc. ?
Mais, au nom de quoi la lionne blessée se laisse-t-elle abattre pour ne pas quitter ses petits ? Au nom de quoi le repliement de la sensitive ? — ou les mouvements amiboïdes des leucocytes ?— ou l’oxydation des métaux ? etc.
Au nom de rien, voilà tout. Poser la question, c’est postuler qu’il y a « quelque chose », c’est tomber dans le traquenard métaphysique… Non ! Il faut accepter les limites du connaissable. La sagesse : renoncer aux « pourquoi », se contenter des « comment ». Renoncer, avant tout, au désir puéril que tout soit explicable, logique. [...] Impossible de se débarrasser intégralement de la question oiseuse : "Quelle peut être la signification de la vie ?" Moi-même, en ruminant mon passé, je me surprends souvent à me demander : "A quoi ça rime ?"

À rien. À rien du tout. On éprouve quelque peine à accepter ça, parce qu’on a dix-huit siècles de christianisme dans les moelles. Mais, plus on réfléchit, plus on a regardé autour de soi, en soi, et plus on est pénétré par cette vérité évidente : « Ça ne rime à rien. » Des millions d’êtres se forment sur la croûte terrestre, y grouillent un instant, puis se décomposent et disparaissent, laissant la place à d’autres millions, qui, demain, se désagrègeront à leur tour. Leur courte apparition ne « rime » à rien. La vie n’a pas de sens. Et rien n’a d’importance si ce n’est de s’efforcer à être le moins malheureux possible au cours de cette éphémère villégiature…
Constatation qui n’est pas aussi décevante, ni aussi paralysante, qu’on pourrait croire. Se sentir bien nettoyé, bien affranchi, de toutes les illusions dont se bercent ceux qui veulent à tout prix que la vie ait un sens, cela peut donner un merveilleux sentiment de sérénité, de puissance, de liberté. Cela devrait même être une pensée assez tonique, si on savait la prendre…
Je songe tout à coup à cette salle de récréation, au rez-de-chaussée du Pavillon B, que je traversais tous les matins en quittant mon service d’hôpital. Je la revois pleine de gosses à quatre pattes, en train de jouer aux cubes. Il y avait là de petits incurables, des infirmes, des malades, des convalescents. Il y avait là des enfants arriérés, des demi-imbéciles, et d’autres très intelligents. Un microcosme, en somme… Beaucoup se contentaient de remuer au hasard les cubes qui se trouvaient devant eux, de les déplacer, de les tourner et retourner sur leurs diverses faces. D’autres, plus éveillés, assortissaient les couleurs, alignaient les cubes, composaient des dessins géométriques. Quelques-uns, plus hardis, s’amusaient à monter de petits édifices branlants. Parfois un esprit appliqué, tenace, inventif, ambitieux, se donnait un but difficile, réussissait, après dix tentatives vaines, à fabriquer un pont, un obélisque, une haute pyramide… À la fin de la récréation, tout s’effondrait. Il ne restait sur le lino qu’un amas de cubes éparpillés, tout prêts pour la récréation du lendemain.
C’est, somme toute, une image assez ressemblante de la vie. Chacun de nous, sans autre but que de jouer (quels que soient les beaux prétextes qu’il se donne), assemble, selon son caprice, selon ses capacités, les éléments que lui fournit l’existence, les cubes multicolores qu’il trouve autour de lui en naissant. Les plus doués cherchent à faire de leur vie une construction compliquée, une véritable œuvre d’art. il faut tâcher d’être parmi ceux-là pour que la récréation soit aussi amusante que possible… Chacun selon ses moyens. Chacun avec les éléments que lui apporte le hasard. Et cela a-t-il vraiment beaucoup d’importance qu’on réussisse plus ou moins bien son obélisque ou sa pyramide ? » (Épilogue)
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Me suis posé, entre autres, cette question : Pour la moyenne des gens (dont la vie s’écoule, en somme, sans qu’ils se permettent d’infractions bien accusées aux règles morales admises), qu’est-ce qui peut bien les retenir ? Car il n’y en a guère, parmi eux, qui échappent à la tentation de commettre des actes réputés « immoraux »… J’écarte, bien entendu, les croyants, ceux qu’une profonde conviction religieuse ou philosophique aide à triompher des pièges du M alin. Mais les autres, tous les autres, qu’est-ce qui les arrête ? Timidité ? Respect humain, crainte des on-dit ? Crainte du juge d’instruction ? Crainte des conséquences qu’ils risquent d’encourir dans leur vie privée, ou publique ? Tout ça joue, évidemment. Ces obstacles sont forts, et sans doute infranchissables aux yeux d’un grand nombre de « tentés ». Mais ce sont des obstacles d’ordre matériel. S’il n’y en avait pas d’autres, et d’ordre spirituel, on pourrait soutenir que l’individu, pour peu qu’il soit affranchi du joug religieux, n’est maintenu dans la voie droite que par la peur du gendarme, ou, tout au moins, du scandale. Et on pourrait soutenir, en conséquence, que tout individu incroyant, si on le suppose aux prises avec la tentation et placé dans des circonstances telles qu’il est sûr d’un secret total et d’une impunité absolue, céderait aussitôt à l’appel, et commettrait le « mal » avec une satisfaction éperdue… […] Cela semblerait donner raison à ceux qui expliquent la conscience morale (et la distinction que nous faisons spontanément entre ce que l’on doit faire et ce que l’on ne doit pas faire, entre ce qui est bien et ce qui est mal) par une survivance en l’homme moderne d’une soumission d’origine religieuse, longtemps acceptée par les générations précédentes, et devenue caractère acquis. Je veux bien. Ais il me semble que c’est raisonner en oubliant que Dieu n’est qu’une hypothèse humaine. Car, cette distinction du bien et du mal, ce n’est pas Dieu, invention de l’homme, qui peut l’avoir imposée à l’être humain : c’est, au contraire, l’homme qui l’a attribuée à Dieu, et qui en a fait un principe divin. Si cette distinction est d’origine religieuse, autant dire que c’est l’homme, un jour, qui l’a prêtée à Dieu. Et donc qu’il l’avait en lui. Et même qu’elle était en lui si fortement enracinée, qu’il a senti le besoin de donner à cette distinction une suprême et à jamais indiscutable autorité… Comment résoudre ? […] Autant je rejette l’idée que la conscience morale aurait pour source quelque loi divine, autant il me paraît plausible d’admettre qu’elle a ses origines dans le passé humain, qu’elle est une habitude qui survit à la cause qui l’a fait naître, et qui est fixée en nous, à la fois par hérédité et par tradition. Un résidu des expériences que les anciens groupements humains ont eu à faire pour organiser leur vie collective et régler leurs rapports sociaux. Résidu de règlements de bonne police. […] Il me séduirait assez d’admettre qu’elle est la survivance d’un instinct essentiel à l’homme, animal social. Un instinct qui s’est perpétué en nous à travers les millénaires et grâce auquel la société humaine s’achemine vers son perfectionnement. (Épilogue)
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"Voyez-vous, mon petit, on en revient toujours là : la seule attitude — j’allais dire scientifique… Soyons plus modeste : la seule attitude raisonnable, la seule qui ne déçoive pas, — c’est la recherche de l’erreur, et non pas de la vérité… Reconnaître ce qui est faux, c’est difficile, mais on y arrive : et c’est tout, rigoureusement, tout ce qu’on peut faire !... Le reste : pures divagations ! » (L’été 1914)
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