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Critique de magalette


Impossible de rester sourde à ce cri profond et intime qui émane de ces deux textes rassemblés dans cet ouvrage : le premier, « L'homme de miel » que j'avais lu il y a quelques années déjà et « Lune de miel », le dernier. Au final, ces deux opus s'imbriquent pour donner à entendre cette voix de l'intérieur et personne, un tant soit peu lucide sur la fragilité de nos vies humaines, ne peut y résister. Point de roman qui tienne ici pour moi. Ce récit est pétri de chair bien vivante : celle malmenée par les examens médicaux à la régularité du métronome, celle qui touchée au coeur de la moëlle lutte contre l'envahisseur, celle qui absorbe encore avec avidité les rayons de soleil de l'été approchant, celle qui court encore moulée dans le jogging sur le rythme battant d'un coeur en pleine et consciente possession de ses moyens. Marti, le narrateur raconte le myélome. Ce face à face de l'homme avec la destruction à l'oeuvre dans son corps est tout à la fois lucide et glacial, émouvant et nostalgique, doux et impertinent. Ecrire devient l'acte fort et symbolique de Résistance, comme un bras d'honneur à ce cancer qui s'invite cavalièrement à la fête. Il est là, attablé. Il va bien falloir le laisser bouffer quelques morceaux de soi qu'on va lui lâcher en pâture pour ne pas lui céder le corps en entier. Pour pouvoir faire diversion, on va l'endormir, emballé dans de belles phrases aux jeux de mots cocasses le temps que les médecins réparent les brèches. On va saisir les mains tendues, les sourires offerts, les levers de soleil sur la mer, les petites foulées au souffle court, le bon sens des enfants et l'espoir fulgurant comme un éclair qui zèbre le ciel d'orage. Lumière pour éclairer demain, pour foudroyer la nuit, une poussée sur les volets pour faire éclore le soleil sur les carreaux de la chambre. C'est ce qui reste de ce récit une fois la dernière page tournée : beaucoup de lumière. Elle est dorée de miel cette lumière, mais elle est éclatante. Comme si encore et toujours, il fallait ce moment suspendu du vide qui nous étourdit pour y donner tout son éclat.
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