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Critique de Patsales


Qui de Carole Martinez ou de moi a eu besoin d'un tour de chauffe? En tout cas, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire et il m'a fallu une croisade pour véritablement admirer le talent de l'autrice (qui est encore un féminin militant mais dont j'espère qu'il deviendra un accord parmi d'autres).
Ce qui prouve 1) qu'il faut toujours persévérer avant d'abandonner une lecture, si tant est que l'abandon soit une option 2) que le mysticisme n'est pas la tasse de thé de madame Martinez, ce qui est quand même ballot dès lors qu'on prétend s'intéresser à une recluse foudroyée par l'amour divin. Quand Dieu s'est retiré, que les croisés meurent sous le soleil ardent, c'est superbe. Quand Esclarmonde renie la destinée qu'elle s'est choisie, très bien. Mais manquent l'ardeur et l'extase, dites, ô certes, mais sans émotion, sans stupeur et sans tremblement.
Malgré quelques pages magnifiques, ce que je retiens surtout de ce roman, c'est qu'il est didactique. Le moyen-âge comme si vous y étiez. Un exemple particulièrement significatif : « Côte à côte, au haut bout de la grande table, les deux seigneurs partageaient gobelet et tranchoir — cette épaisse tranche de pain rassis qui nous servait d'assiette »
Ben non. Fallait pas expliquer « tranchoir ». Ou alors, il fallait écrire un guide du moyen-âge, et non pas un roman.
Car trop souvent, on tombe sur des phrases superflues et culturellement irréprochables. « Les croisades sont des saignées qui rééquilibrent les humeurs du pays. » « Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux ». D'une façon générale, Carole Martinez ne fait pas confiance à son lecteur. « Je m'étais emmurée en moi-même. Ma pensée m'encerclait, j'étais recluse en ma tristesse, plus de fenestrelle dans cet espace où mon âme s'était repliée » Comment dire? Sinon qu'on avait effectivement compris que la reclusion physique se doublait d'une reclusion mentale, il n'était peut-être pas utile de souligner et de stabiloter.
Si, j'osais, j'affirmerais qu'il ne fallait pas enfoncer le clou.
Comme la troisième croisade, ce roman a souvent échoué ; mais certaines pages méritent qu'on s'y lance: « Alors, silencieux, ils se sont assis un moment sur les pierres, ils se sont assis côte à côte, les vivants et les morts, ils se sont arrêtés en bordure du tableau pour attendre leur chef, car Frédéric de Souabe, traînant derrière lui dans sa besace de cuir souple la dernière relique de son père — ce crâne lourd du plus grand des rêves et de la foule des ombres —, avançait encore moins vite qu'eux, qui pourtant s'étaient crus immobiles. »
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