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Critique de steka


2020 - Pour la plus grande surprise et le plus grand désagrément des bénéficiaires du capitalisme, les luttes de classes ont fait récemment leur retour en France et pire encore, mondialement. Ils croyaient pourtant bien s'en être définitivement débarrassés grâce aux multiples « réformes » introduites, tant au niveau des gouvernements successifs que dans les formes nouvelles données au travail et à son exploitation.
La séparation généralisée du prolétariat, son incapacité à se reconnaître comme tel, les illusions petite-bourgeoises introduites par l'accès ( à crédit) à un consumérisme de masse, l'aliénation quotidienne distillée par les grands médias, le chacun pour soi devenu norme comportementale, la destruction systématique de l'espace public – tout cela semblait pourtant bien en avoir terminé avec ce fait historique menaçant.
La modernité macronienne, dernier avatar de la représentation démocratique, semblait même avoir accompli l'exploit d'abolir les vieilles notions de gauche et de droite, vestiges d'une représentation du politique qui avaient perdu toute substance. La bourgeoisie de gauche et de droite pouvait enfin reconnaître tout ce qui la réunissait ; à commencer par un mépris décomplexé des pauvres s'appuyant sur la conviction renforcée qu'il fallait au plus vite rogner leurs quelques « acquis » si l'on voulait continuer à jouir de privilèges si chèrement obtenus en termes de renoncement à toute humanité.
C'est que l'on croyait bien en avoir fini avec ces horribles thèses marxistes, persuadé que l'on était que leur auteur les avait tout simplement inventé dans un simple désir de nuire. Sans compter tous les efforts déployés pour associer cette pensée là au pire totalitarisme ; avec la complicité tacite de la classe des bureaucrates - dirigeants de tous ces pays qui prétendaient alors s'annoncer comme « communistes » au XXème siècle alors qu'ils n'étaient qu'une variante temporaire de cette même bourgeoisie.
Bref, le libéralisme marchand semblait bien rester seul en place et promis à un bel avenir en ce XXIème siècle naissant. Il suffisait d'ignorer et d'isoler les quelques grognons et cassandres habituels qui finiraient bien par se taire.
Pour le reste, les nouvelles technologies, créatrices par ailleurs de bénéfices mirobolants pour les investisseurs pertinents, suffiraient bien à résoudre les quelques problèmes menaçants pour le devenir de la planète. D'autant que ces mêmes technologies laissaient envisager le moment béni où l'on pourrait se passer de la plupart de ces pauvres si mal élevés et si encombrants. Les nombreuses zones désertifiées et rendues inutilisables par les quelques regrettables dommages collatéraux du « progrès », trouveraient alors pleinement leur utilité nouvelle: y regrouper judicieusement tous ces pauvres devenus totalement superflus. Certains États, à l'avant-garde, en se montrant déjà initiateurs en ce domaine avec toute une partie de leurs populations mal nées, indiquant courageusement l'exemple à suivre.
Mais ne voilà-t-il pas que, du corps même de ces pauvres et de tous ces démunis, renaît une mémoire que l'on croyait enfouie à jamais ; l'inquiétante intuition de leur situation réelle et du sort, très peu enviable, qui leur sera finalement réservé à eux et leurs enfants.
Et c'est qu'ils ne semblent pas vouloir s'y résoudre les bougres ! Et c'est qu'ils semblent bien vouloir ressortir LA LUTTE DES CLASSES tous ces jaunis, rougis et noircis.
Parlant même d'inventer un autre monde. Sans classes. Sans partis politiques, Sans dirigeants, Sans patrons.
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