AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pat75016


"Avant que le monde ne se ferme" est un roman pénétrant, vivant, chatoyant. Il plonge le lecteur dans l'histoire tragique du peuple tzigane lors de la seconde guerre mondiale, le rétrécissement inéluctable de leur libertés avant leur extermination.

Un roman qui permet également de rencontrer une culture qui renferme une xénophobie vis-à-vis des "gadjés", ces animaux domestiques dont il faut se méfier. Et un certain obscurantisme tzigane : " lorsqu'il avait découvert que son fils savait lire, bien des années auparavant, la première impulsion de Svetan avait été de le battre, mais Jag l'en avait empêché... Dans la kumpania, on se méfiait beaucoup de ceux qui savaient lire."

Ainsi, les tziganes sont un peuple sans mémoire, "peut-être est-ce là, la condition de leur survie, oubliés des persécutions du siècle précédent, les 500 ans d'esclavage en Roumanie...".

Les 50 premières pages du livre sont un ravissement sur la découverte de cette famille, de ses us, de leurs rapports au monde, au nomadisme.

Puis le roman décrit la logique implacable de génocide, de la rafle aux ghettos, des ghettos aux camps.

Le lecteur traverses ses épreuves à travers le personnage principal d'Anton, qui deviendra, au fil du livre, le dépositaires des disparitions de son peuple.

Mais Anton se révèle le maillon faible de ce livre. Un Candide dont le seul mérite est de réussir à tomber, systématiquement, sur une figure patriarcale qui le sortira de son impasse, parfois allant jusqu'au sacrifice.

On recense ainsi pas moins de 7 "pères" qui viendront sauver cet Anton, qui n'a pratiquement rien demandé. Simon Wertheimer, Hristo Zambila, Chaim Rukomski, Herr Direktor, Katok, Saül Wittgenstein, Ghandi !!!

Le rôle des ces pères est de sauver notre héro et de lui permettre de passer à une nouvelle étape de son parcours : la charnière est beaucoup trop visible, redondante, grossière.

Après le caractère passif du héro, ce sont les invraisemblables retrouvailles qui viennent troubler la lecture : On parvient à retrouver des proches après plusieurs années au bout du monde. On parvient même à retrouver des inconnus rencontrés durant l'enfance, à l'endroit précis où on a retrouvé ses propres proches.... Décidément, que de facilités pour ce cher Anton.

Et puis Anton va se découvrir des pouvoirs surhumains, notamment dans l'élevage des chevaux, lui permettant de remporter des courses improbables, ou même de faire sauter des chevaux à reculons.

Et là, on tombe dans le grotesque et l'absurde, ce dont on ne s'attendait pas compte-tenu de la difficulté du sujet traité.

Reste enfin, de magnifiques scènes de paysage, de cirques qui font que le livre se termine sur une note d'espoir. Véritablement un bon scénario, qui pourrait se retrouver au cinéma. L'auteur aurait gagné à peut-être créer plusieurs volumes à son romans, afin d'aller au fond des choses à travers ce périples interminable.

Un Anton moins simplet, capable d'autre chose que de s'attirer la tendresse paternelle des hommes qu'il rencontre, aurait rendu ce récit plus attachant encore.

Commenter  J’apprécie          61



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}