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EAN : 9782290374764
256 pages
J'ai lu (22/02/2023)
4.23/5   385 notes
Résumé :
Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au coeur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d'un cirque, entouré d'un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce " fils du vent " va traverser la première moitié du " siècle des génocides ", devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d'un peuple sans mémoire. Accompagné de Jag, l'homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de... >Voir plus
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Dès les premières lignes, tu sens que le temps se suspend et que la magie va opérer pour te faire voyager très loin, géographiquement et émotionnellement.

« Tout commença dans la steppe, dans le cercle des regards qui crépitaient avec le feu de camp. La voix du violon de Jag planait par-dessus l'hiver immobile qui parfois arrêtait le coeur des hommes. Ainsi le vieux Johann était-il mort trois jours plus tôt. Jamais il ne connaîtrait l'enfant à venir ».

L'enfant à venir, c'est Anton Torvath, né dans les steppes kirghizes après la Première guerre mondiale au sein d'un cirque itinérant tzigane. Pas un hasard si la citation en exergue provient de l'Odyssée. C'est son destin qui nous est conté. Dresseur de chevaux, fils du Vent, Anton illumine le récit, traversant le chaos du siècle, porté par une sagesse et une humanité qu'il acquiert au fil de rencontres souvent étonnantes.

Les premiers chapitres sur l'enfance sont absolument superbes, miraculeux dans l'équilibre trouvé entre poésie limpide, lyrisme prononcé et évidence. Juste quelques souvenirs épars qui suffisent à bâtir un paradis perdu qui maintient le tracé de toute une vie.

Et puis il y a le noyau central : le Porajmos, le génocide tzigane perpétré par les Nazis. La grande Histoire du XXème siècle avec ses tragédies est égrenée avec une rare subtilité car on ne sent jamais le poids de la documentation. Les pages sur le ghetto de Łódź , le camp d'Auschwitz et les marches de la mort sont exceptionnelles. Surtout sur le ghetto de Łódź avec l'incroyable personnage du doyen Chaïm Rumkowski ( Hubert Haddad en avait tiré un roman fabuleux, le Monstre et le Chaos ).

Pour autant, Avant que le monde ne se ferme n'est pas un roman historique classiquement tourné vers l'hyper réalisme. Alain Mascaro laisse une large part au pur romanesque pour nourrir la dynamique d'un récit en mouvement perpétuel, avant tout un conte initiatique quasi philosophique. Anton le rescapé est un passeur, un témoin, celui qui parlera de son peuple englouti, les Tziganes vivant en marge, regardant le monde de loin. Anton est celui qui tient entre ses mains la mémoire des disparus.


« Il ne mourut pas. Il resta simplement de longues semaines à flotter, indécis, entre cette chambre d'hôpital et la carrière de Mauthausen, à se demander s'il avait encore envie de vivre. Il était comme au bord du vide, prêt à sauter. Il ne sauta pas. Il se souvint qu'en lui vivaient des centaines de fantômes qui attendaient une sépulture. (...) Je suis un tombeau, il n'y a que des morts dans ma mémoire. Des morts et des cendres. »

J'ai été moins emportée par la dernière partie en Inde. Non parce qu'elle est de moins bonne qualité que les précédentes, juste une affaire de goût. Lyrisme et poésie, je les apprécie plutôt lorsqu'ils éclairent la noirceur. Les chapitres indiens sont plus sucrés, tournés vers la résilience hors du commun d'Anton et du peuple tzigane dont la capacité d'oubli sans laisser de cicatrices semble impossible à comprendre pour les Gadjés. Sucrés, sans excès non plus, mais un trop quand même pour moi.

Un roman qui ouvre des fenêtres, parle aux tripes et au coeur, accessible à tous les lecteurs à partir du lycée. Un hymne à la liberté et à la vie, généreux et humaniste.

«  Pour triompher du malheur, il faut le profaner. Et quelle plus belle profanation que la vie elle-même, que la force vive de la vie ? Reprendre la voie du vent, faire des enfants, essaimer en tribus sur les chemins d'Europe et du monde, triompher de la mort en s'en riant ! »
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Né dans les steppes kirghises au lendemain de la Grande Guerre, le jeune tzigane Anton Torvath grandit au sein d'un cirque, où il dresse des chevaux. Lui et les siens mènent l'existence libre des « Fils du vent », à cent lieues des préoccupations de plus en plus folles de l'Europe où ils se trouvent dans les années trente. Pris au piège de la barbarie nazie, le petit chapiteau rouge et bleu manquera de peu disparaître définitivement. Mais c'est sans compter la détermination des survivants à ne jamais laisser s'éteindre le souffle du vent...


Terrible miroir que nous tend Anton, à nous les gadjé, au fil d'une moitié de XXe siècle marquée par les génocides. Pendant que montent les tensions d'avant-guerre en Europe, le jeune tzigane s'enivre d'une enfance goûtée instant après instant au sein d'un clan haut en couleurs, fier de sa vie sans attache qui lui fait profiter des beautés du monde au hasard de ses lents voyages au pas des chevaux. Cette vie libre de "mouflons" réfractaires à la domesticité des "moutons" est mise à mal de la pire des façons par le génocide nazi, dans un summum de l'horreur prouvant au-delà du concevable combien l'humanité est capable de se fourvoyer. Obstinés à reconstruire un avenir conforme à leurs valeurs de liberté, les survivants se heurtent au triomphe d'une conception de plus en plus "économique" du monde, centrée sur la possession et l'argent. Alors que les espaces sauvages se font peaux de chagrin, que frontières et passeports dessinent des murs parfois infranchissables, restent bien peu d'ouvertures pour laisser passer le vent.


A ses passages sombres et terribles, propres à faire douter de la notion-même d'humanité, le récit oppose la lumineuse présence de quelques personnages dont la sagesse et la bonté simples et instinctives serviront, d'abord de tuteurs à l'apprentissage d'Anton, puis de bouées de sauvetage empêchant le jeune homme de sombrer tout à fait dans l'enfer des camps de la mort. Et puisque la barbarie des hommes se révèle capable de les emmener si loin au-delà de toute raison, mais aussi parce que notre monde contemporain oublie toujours plus de "vivre" pour préférer "avoir", l'on acceptera avec bonheur que le récit s'arme d'une poésie parfois légèrement teintée de magie, n'hésitant pas à franchir les limites de la vraisemblance, pour mieux nous rappeler le vrai sens de la vie et le goût perdu de la liberté.


Investir chaque instant sans laisser au poids du passé ni à la crainte de l'avenir la possibilité de le gâcher, refuser l'aliénation au lieu de rester frileusement dans d'inacceptables compromis, oser dire non sans reculer devant le prix : c'est parfois l'avenir du monde qui est en jeu - ici face au nazisme au siècle dernier, mais on pensera aisément à d'autres exemples contemporains, ne serait-ce qu'à l'intégrisme religieux, et ainsi à d'autres ouvrages récents sur la liberté, en Turquie avec Madame Hayat d'Ahmet Altan ou au Kurdistan avec S'il n'en reste qu'une de Patrice Franceschi -, mais aussi, plus directement, la façon dont nous acceptons de vivre ou de subir notre existence au quotidien. Alors, à l'image des derniers tziganes bataillant pour préserver leur rapport au monde, et d'ailleurs de l'auteur qui a fait le choix un jour de tout plaquer pour écrire et voyager, peut-être un certain nombre de lecteurs trouveront dans ce livre l'envie de rejoindre aussi les rangs des cimarrones, ces esclaves ou animaux domestiques enfuis pour retrouver la maîtrise de leur destin... Coup de coeur.

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« Tout commença dans la steppe, dans le cercle des regards qui crépitaient avec le feu de camps. »


Avec ce conte tzigane sur ce dresseur de chevaux, j'ai voulu goûter au vent de liberté, à la magie poétique d'un cirque itinérant à l'ancienne, déambulant en roulottes au gré d'itinéraires aléatoires dans les villes et paysages qui leurs plaisent, dans ces steppes emplies d'espaces et de légendes.


« L'enfance ne fut qu'errance et mouvement, à la lenteur d'une paire de chevaux, la parfaite vitesse pour prendre la mesure du monde ».


Avec eux j'ai plié et déplié le chapiteau, écouté le violon de Jag autour du feu, lorsque « L'haleine des chevaux soufflait des nuages et les étoiles au ciel semblaient cligner des yeux. ».


J'ai brûlé les roulottes de ceux qui mourraient au fil du chemin, pour que leur esprit ne revienne pas nous hanter. J'ai marché sur un fil, ri et pleuré. J'ai vécu au présent, surtout, m'offusquant de ces frontières de plus en plus difficiles à franchir, de ces propriétés privées que les gadjé s'approprient, nous contraignant parfois à les voler.


J'ai appris à apprécier cette vie où « les livres étaient des prisons pour les mots, des prisons pour les hommes. Les premiers comme les seconds n'étaient libres qu'à virevolter dans l'air ; ils dépérissaient sitôt qu'on les fixait sur une page blanche ou un lopin de terre ».


Pourtant très vite, au fur et à mesure que les années 1940 approchaient, les prisons sont devenues le quotidien. D'abord personae non gratae interdits de séjour, les tziganes furent raflés au même titre que les juifs. le début de la fin, pour des hommes et des femmes habitués à virevolter au gré du vent.


« Pleure, mon amour, pleure, et qu'avec tes larmes s'en aillent tous tes malheurs… »


J'ai beaucoup aimé le début de ce récit, qui nous fait naître au monde tzigane avec le personnage principal, Anton. La seconde partie au coeur des camps et charniers de la seconde guerre mondiale est intéressante dans la mesure où elle présente un angle nouveau : l'enfermement pour une âme libre, quelqu'un pour qui les frontières sont déjà des concepts ineptes. Mais déjà, l'aventure commence à souffrir du fait que le peu de pages du roman ne permet pas d'approfondir la personnalité des personnages, et notamment d'Anton, de pénétrer son coeur et son âme. Ce parti pris a le mérite, comme dans un conte, de raconter beaucoup de péripéties sans s'appesantir, les mots virevoltant comme le feraient ceux, oraux et libres, des personnages eux-mêmes ; Mais l'écriture commence alors à me faire prendre de la distance avec lui. Et la rapidité avec laquelle la plume passe sur les années qui défilent continue à me distancer.


« L'engloutissement, la dévoration : c'est ainsi que certains tziganes désigneraient par la suite le génocide dont ils avaient été victimes, mais très peu en parleraient, à quoi bon ? Pour triompher du malheur, il faut le profaner. Et quelle plus belle profanation que la vie elle-même ? »


Malheureusement, la troisième partie sur une éventuelle renaissance au sortir des camps, n'a fait que creuser l'écart entre Anton et moi. Il parcourt beaucoup de kilomètres, vit beaucoup d'aventures, crée des numéros de cirque mais sans qu'on ne l'accompagne vraiment dans son cheminement ni dans son processus créatif, qui demeure superficiel. Ça permet une vue d'ensemble et demeure une belle histoire, mais racontée sans vraiment me la faire vivre. Un conte tzigane qui a aurait pu m'ébahir, mais ne m'a finalement qu'effleurée. Une caresse dont je reste en partie insatisfaite, ayant eu hâte de quitter des personnages dont je m'éloignais un peu plus à chaque page à cause d'une impression de survol.


Mais ce roman demeure très bien noté et je l'envoie volontiers à qui voudrait le tenter !
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Lorsque l'ancêtre disparaît, on brule sa roulotte et son bandonéon, selon la tradition chez les Fils du vent . le voyage continue précaire mais joyeux : « La vie s'écoulait comme une eau vive », alors on s'empresse d'oublier les mises en garde funestes du patriarche. La kumpania poursuit son chemin au son du violon de Jag.

Anton est un adolescent lorsque quelque chose change sur la route. le danger menace et la troupe est prise au coeur de la tourmente. Les zigeuner sont une cible clairement visée par les « blattes », Anton est l'un des seuls survivants, portant en lui la lourde mémoire de « mille trois cent quatre morts qui ne veulent pas qu'on oublie leur nom ».

Survivre est une souffrance chaque jour, il faudra une rencontre extraordinaire avec un petit homme à lunettes vêtu d'un dhoti pour accepter d'assumer et de chérir la vie qui aurait pu elle aussi lui être ôtée dans les camps de la honte.

A l'issue de la guerre, pas de répit pourtant pour la troupe reconstruite, car des barrières se dressent sur les chemins, les pays se ferment, les humains se barricadent oubliant leurs racines, et leur déambulation ancestrale, avant que les nomades ne cessent les pérégrinations qui étaient le but de leur vie.


Cette évocation romanesque d'une troupe circassienne aborde de façon originale l'histoire des génocides du vingtième siècle. Ecrit avec poésie et pudeur, le roman est un bel homme aux gens du voyage, et un pierre à l'édifice du devoir de mémoire.

Premier roman remarquablement écrit et qui mérite d'être lu.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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C'est un bien beau coup de coeur que ce premier roman d'Alain Mascaro. Avec Anton, magnifique personnage central,Jag son père de substitution et tous les membres de son clan tzigane, j'ai été captivée,émue et plus encore. Ce roman est tout en contraste. Il nous plonge dans l'obscurité la plus terrifiante mais la lumière parvient toujours à s'infiltrer grâce à des rencontres solaires essentielles. le contraste c'est aussi ce passage de la liberté sauvage des steppes natales d'Anton, balayées par le vent et le violon de Jag à l'enfer des camps de concentration . Et c'est sans doute parce que la part de rêve et d'espoir est essentielle pour croire encore à l'humanité que le côté parfois presque magique de certains évenements ne m'a pas dérangé dans cette histoire. Car l'histoire est celle d'Anton,jeune dresseur de chevaux qui va être pris par la tornade de la deuxième guerre mondiale et par le génocide du peuple tzigane désigné par le terme " d'engloutissement".
De la destruction de sa " kumpania" et de son petit cirque, Anton va partir pour une épopée tragique dans une Europe nazie qui le conduira des guetos tziganes et juifs à Auschwitz puis Mathausen où le pire cauchemar aurait dû l'anéantir corps et âme. Mais d'autres forces,d'autres rêves,d'autres présences l'habitent et le guideront bien plus loin. Il en a le devoir car il porte le dessein d'offrir une sépulture à tous les morts qui reposent en lui... Jamais il n'oubliera ce conseil: "Si tu veux obtenir quelque chose d'un homme,parle au fils du vent qui est encore en lui,parle à sa liberté et non pas à tout ce qui l'entrave."
Je ne peux pas quitter Anton et les siens sans une réelle émotion. C'est qu'il y a dans cette histoire une blessure collective mais aussi un appel à la liberté. C'est certainement cet appel que l'auteur a suivi en abandonnant tous ses biens matériels il y a deux ans pour partir à la rencontre du monde et cela se ressent dans son écriture. C'est un très touchant hommage au peuple tzigane, à sa culture et à son histoire. C'est enfin un encouragement à retrouver ce qui est vraiment essentiel au bonheur...
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critiques presse (2)
Culturebox
13 janvier 2022
Quand la mort rattrape sa famille, son peuple, Anton endure, affronte, sans jamais baisser les yeux. Une petite merveille. Inoubliable.
Lire la critique sur le site : Culturebox
FocusLeVif
22 octobre 2021
Débarquant sans crier gare avec un premier roman estomaquant, Alain Mascaro rend un magnifique hommage aux Tsiganes et à la liberté.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Citations et extraits (96) Voir plus Ajouter une citation
Porte cette pierre autour de ton cou, Anton, et touche-la ou regarde-la à chaque fois que tu douteras de toi. Car les âmes blessées sont semblables à cette pierre, mon garçon. Les fêlures intimes sont comme ces cristaux de rutile dans le cristal de roche : des cheveux d'or pris dans la matière... Les âmes rutilées sont infiniment précieuses, bien plus que les âmes intactes... Regarde, on appelle aussi ces cristaux des cheveux d'anges... Crois-tu que cette pierre aurait la même valeur sans ces fils d'or qui la parcourent en tous sens ? Oui, ces infimes cristaux sont la marques des âmes blessées qui ne sont pas brisées. Celles qui ont résisté à l'agression, aux pires coups, à la douleur, au sang versé, à la mort, que sais-je encore, sans rien perdre de leur intégrité ni de leur pureté. Pourquoi certaines âmes se brisent-elles et d'autres non, pourquoi certaines sécrètent-elles ces délicates cicatrices rutilantes ? Je l'ignore. C'est une merveilleuse alchimie en vérité, comme celle qui a présidé à la naissance de cette pierre. Si tu creuses la terre, tu trouveras mille cristaux ordinaires avant d'en trouver un parsemé de ces cheveux d'or. Il en va de même avec les âmes. Seules les âmes rutilées me sont chères, Anton ; Et la tienne est infiniment précieuse.
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Lorsqu’il arriva en vue des faubourgs de la capitale autrichienne, il eut la brève tentation de continuer à marcher tout droit vers le soleil levant, à travers l’Europe et l’Asie centrales. Mais il y avait plus que des frontières à traverser maintenant, il y avait un rideau de fer, et ce que Jag avait fait en temps de guerre, il était désormais impossible de le faire en tant de paix, si l’on pouvait appeler cela la paix. Quel étrange et absurde monde que celui des gadjé ! Il allait falloir louvoyer, être malin, trouver des interstices, des subterfuges, d’infimes trous de souris pour pouvoir se glisser jusqu’aux steppes lointaines et retrouver la lumière, le feu, le sang de l’enfance, peut-être la délivrance.
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« Dis-moi, mon garçon, qu'est-ce qui est mieux pour un mouton, le berger ou le loup ?
- Le berger.
- Et qui tond le mouton ?
- Le berger.
- Et qui le tue pour le manger ?
- Le loup !
- Non, Anton. C'est encore le berger. [ ... ] Mais qui donc protège le mouton quand le berger vient l'immoler ?
- Personne.
- Et pourtant de qui a peur le mouton : du berger ou du loup ?
- Du loup !
- Oui mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l'existence des loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et les tuent. »
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« Dis-moi, mon garçon, demandait Jag qui aimait les fables, qu’est-ce qui est mieux pour un mouton, le berger ou le loup ?
–le berger.
–Et qui tond le mouton ?
–Le berger.
- Et qui le tue pour le manger?
–Le Loup !
–Non, Anton. C’est encore le berger . Il est bien rare qu’un loup parvienne à tuer un mouton, parce que le berger veille, et il a de gros chiens. Mais qui donc protège le mouton quand le berger vient l’immoler ?
–Personne.
–Et pourtant, de qui a peur le mouton : du berger ou du loup ?
–Du loup!
–Oui, mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l’existence de loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et qui les tuent. »
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Certains jours, quand le vent soufflait vers la Buna, l'air apportait ces âcres cendres, cette odeur charnue, insoutenable. On respirait la mort. "Inspire ! Inspire ! Disait encore Katok. Garde cet air-là au fond de tes poumons. Garde cette poussière d'âmes. Un jour, bientôt, tu iras les libérer ailleurs, tu leur donneras une vraie sépulture: le vent des steppes, le foehn ou le simoun, que sais-je ? Mais respire! Respire les morts! Ils t'en sauront gré!"
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