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Critique de tilly


tilly
03 décembre 2012
Lidia, l'héroïne et narratrice d'Amore a quinze ans en 1970 à Turin, au début du roman, et trente cinq à la fin. Elle raconte, explique, analyse, son étrange parcours de femme tout entier voué à la recherche d'un amour d'exception.

Paola Mastrocola a inventé un personnage attachant, non dépourvu de défauts, et parfaitement original. Cette petite fille pauvre et sans instruction dans l'Italie des années 70 touche par sa volonté farouche et son absence de complexes. Elle perçoit très tôt sa différence, sa singularité. Aucun modèle ne la satisfait, ni familial, ni amical ou amoureux. Elle rejette sans violence ni méchanceté les contraintes sociales et affectives que lui imposent sa naissance, son sexe. Sans l'aide d'aucun mentor, c'est dans la littérature, dans la poésie, que Lidia cherche et trouve ses références, ses icones (Dante, Plutarque, Beatrice, Laure, etc.). Paola Mastrocola nous fait vivre avec humour et réalisme les difficultés et les désillusions quotidiennes, parfois les tragédies, vécues par sa petite héroïne dotée d'un optimisme et d'une pugnacité sans failles malgré les obstacles.

Rien de plus difficile que de concilier les codes de l'amour courtois avec les contraintes de la vie quotidienne. Même pour une héroïne de roman italienne. le contraste entre les élans de vie poétique de Lidia et la précision réaliste de la narration est un des points forts de ce roman. Lidia est une Gelsomina intellectuelle. Naïve et inexpérimentée au début, mais maîtresse de son destin et prête à tout pour suivre sa route singulière et solitaire.

J'avais mis trop d'attentes dans l'illustration onirique de la couverture du roman. le quadrige céleste peint par Odilon Redon, même emballé, ne pas menée au même train tout du long des 420 pages d'Amore. J'ai été désarçonnée à mi parcours environ. La première partie, l'adolescence de Lidia, m'a ravie, mais le récit de sa seconde fugue à travers l'Italie — la plus longue, à l'âge de vingt ans avec un vieux cheval — m'a lassée plutôt que fait rêver.

Heureusement, la dernière partie et l'épilogue du roman sont très beaux. Lidia a enfin trouvé son « amour de loin », celui qui se raconte et s'écrit autant et même plus qu'il ne se vit. L'histoire simple et belle de Michaël et Lidia, très littéraire, ferait un beau roman à elle seule.

La quatrième de couverture vante la réussite de l'amalgame entre réalisme et poésie. Je suis plus réservée. D'autant que l'ambition de l'auteure est de mêler aussi le burlesque et le romantisme à ces deux ingrédients de base. Les épaules de Lidia, l'héroïne et narratrice, sont bien frêles pour porter tous ces styles à la fois.

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