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Critique de sylviedoc


Deuxième roman de Nicolas Mathieu que je découvre, le premier étant "Leurs enfants après eux" (Goncourt 2018, mais je l'avais déjà lu avant !). Et j'ai commis la même erreur que pour le précédent, comprendre : je l'ai lu dans une période où mon moral était un peu en berne. Et bien sûr, cette lecture n'a rien arrangé ! (Je vous rassure, si par hasard quelqu'un s'en inquiétait, depuis hier ça va beaucoup mieux.)
L'histoire se déroule dans les Vosges, département voisin du mien. Moi quand on me parle des Vosges, je vois les belles balades en montagne, les fermes-auberges avec le repas du marcaire (lourd, mais si bon !), les vaches noires et blanches avec leurs cloches, ou les lacs au bord desquels j'aime pique-niquer. Que du plaisir !
Rien de bucolique dans le roman de Nicolas Mathieu par contre, dès le titre on le comprend. Déjà ça commence à Oran, en pleine guerre d'Algérie, par des exécutions en pleine rue. J'avoue que je me demande encore pourquoi ce sinistre prologue, étant donné que ça n'a presque rien à voir avec la suite, excepté qu'on va retrouver un des protagonistes quelques décennies plus tard, installé à "La Ferme", une bâtisse délabrée où il vit en compagnie de sa fille alcoolique et de ses deux petits-enfants. Ensuite on fait la connaissance de Martel, secrétaire du comité d'entreprise de Velocia, une usine dont l'avenir est sombre, les jours sont comptés avant la fermeture. La centaine d'OS (ouvriers spécialisés) vont être licenciés, la grogne monte. Une inspectrice du travail, Rita, tente d'aider Martel à négocier de meilleures conditions de départ aux gars. Entre-temps Martel s'est mis dans de sales draps pour payer la facture de la maison de retraite de sa mère, il est entré dans des combines louches, influencé par son pote Bruce, connu à l'usine.
Bruce "marche" aux stéroïdes, qu'il n'hésite pas à mélanger avec d'autres substances plus ou moins légales, et le résultat n'est pas toujours brillant.
On va aussi croiser une jeune prostituée qui se fera enlever sur son bout de trottoir à Strasbourg, un lycéen amoureux et coincé, une jeune fille à la dérive et pas mal d'autres personnages dont la joie de vivre est bien planquée. le pied quoi !
Ce n'est pas un polar à proprement parler, même s'il s'agit de retrouver la prostituée enlevée, il n'y a pas de flics dans l'histoire, mais c'est noir par contre, pas de doute, il n'y a que la neige pour mettre un peu de blancheur là-dedans. C'est une période où les entreprises du coin déclinent, les jeunes savent qu'ils n'ont que peu de perspectives d'avenir (on retrouvera ce thème encore plus développé dans "Leurs enfants après eux"), bref tout le monde a le moral en berne et cherche à s'en sortir comme il peut, y compris par des combines pas très catholiques. L'ambiance est superbement rendue, à tel point qu'on a presque envie de prendre sa vieille voiture et d'aller la jeter contre le premier mur venu, pour peu qu'on soit un peu "down" pendant la lecture...
Ce n'était pas le bon moment pour moi, je n'ai pas été en mesure d'apprécier complètement les qualités d'écriture et la finesse de la psychologie des personnages créés par l'auteur. Il n'y est pour rien, peut-être qu'à un autre moment j'aurais pris plus de distance et serais sortie moins plombée de ma lecture. Par contre, j'aurais certainement émis les mêmes réserves quant au premier chapitre, inutile selon moi.
Je ne déconseille pas du tout, c'est un bon premier roman, simplement mieux vaut le découvrir dans une période où tout va bien dans votre vie !
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