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Critique de Bigmammy


52 intellectuels racontent leurs années d'école en Algérie, de 1930 à l'Indépendance, un kaleidoscope de souvenirs, morceaux choisis - sans doute magnifiés - de mémoire émouvante qui se répondent, malgré les différences des lieux et des communautés d'origine des narrateurs – Pieds-noirs, Musulmans, Juifs.
Un hymne plein de fraîcheur à un enseignement universel dispensé avec amour, par ceux venus de la Métropole comme par les natifs de ces familles installées en Algérie depuis le début de la colonisation, maîtres et institutrices imprégnés de la même foi dans les valeurs de la République, attentifs à transmettre sans discrimination le roman national, la France éternelle, sa littérature, sa géographie, ses héros, ses drames et ses guerriers …
On remarque avant tout le respect, celui donné aux élèves et celui dû aux enseignants, la mise en valeur du trésor de la langue française, l'extraordinaire pression exercée sur les bons élèves pour qu'ils puissent, à travers leur succès scolaire, sortir de leur condition. Tout comme cela est de rigueur dans les écoles de France, avec des instituteurs compétents, habités par leur métier, des modèles.
On note aussi quelques constantes : l'effectif énorme des classes, telles que l'on peut les voir à travers les photos : plus de 30 élèves, souvent une cinquantaine. La faible proportion d'enfants « indigènes » scolarisés – surtout chez les filles - dont les parents font de grands sacrifices pour équiper leurs enfants qui vont pouvoir « passer d'un monde à l'autre ».
Les auteurs de ces courts récits ont tous réussi de brillantes carrières : quelques noms plus connus comme Mehdi Charef, Daniel Mesguich, Michèle Perret, Benjamin Stora mais aussi une pléiade d'enseignants, universitaires, journalistes, écrivains, cinéastes, psychanalystes, anthropologues, linguistes … Ils sont souvent eux-mêmes enfants d'enseignants et tous des intellectuels persuadés que la scolarisation des enfants et l'accès à l'instruction est le fondement de l'égalité républicaine. Tous ont conservé au coeur la nostalgie de l'Algérie.
Des zones d'ombre aussi : la brutalité de l'éviction des enfants et enseignants juifs lors de l'abrogation du décret Crémieux en 1940, la ségrégation de fait entre les enfants des différentes communautés, la montée des périls dans les années qui précèdent les accords d'Evian, la violence des attentats à l'extérieur de l'école, l'absence de toute référence à la géographie et à la civilisation de l'Algérie dans la pédagogie centralisatrice de l'Education nationale – à part quelques exceptions très gentiment illustrées en fin d'ouvrage.
Un livre de mémoire qui illustre le lien toujours présent entre deux peuples qui ont la langue française en partage.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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