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Critique de Foxfire


J'ai eu envie de lire « Nil » dès que j'ai découvert l'argument du roman. Il faut dire que cette Robinsonnade fantastique a un concept des plus alléchants. Des adolescents sont projetés, sans savoir pourquoi, sur une ile mystérieuse. Les rescapés doivent apprendre à survivre sur cette île mais ce n'est pas tout. Ils ont un an pour s'enfuir de Nil et la seule façon de s'échapper est d'attraper une des portes magiques qui se déplacent sur l'île. Au-delà de ces 365 jours, c'est la mort. Je sors de ma lecture contente mais pas sans réserves.

Il est difficile de donner un avis tranché sur le roman de Lynne Matson. Ses qualités sont vraiment enthousiasmantes. Ses défauts sont vraiment très agaçants.

Pour pouvoir finir sur le positif, je vais commencer par évoquer les points négatifs. « Nil » a un côté Young Adult très marqué avec tout ce que ça peut comporter comme facilités et maladresses. C'est un peu injuste de reprocher à un roman sa nature même mais certains romans visant le même public cible parviennent à s'émanciper de ce carcan narratif. Ce n'est pas le cas de « Nil » qui s'empêtre régulièrement dans des clichés qui font baisser le niveau du roman et frisent même parfois le ridicule. le gros point faible du roman, c'est l'histoire d'amour entre Charley et Thad qui est d'une mièvrerie telle que je n'ai jamais cru à cette idylle. Cette partie du récit s'adresse clairement au lectorat féminin adolescent qui rêve d'histoires romantiques et passionnées mais très sages, très lisses. J'aurais trouvé plus intéressant de présenter cette histoire comme une attirance purement physique, une histoire de désir assez primaire. Donner un aspect primitif à cette aventure amoureuse aurait fait écho à la vie sur l'île où les protagonistes doivent retrouver un peu de leur sauvagerie primitive pour survivre. D'ailleurs, le traitement du versant survival du roman est une autre faiblesse de « Nil », même si bien moins gênante que l'histoire d'amour gnangnan. L'aspect survival n'est pas assez appuyé à mon goût. On voit finalement peu les rescapés chasser ou se consacrer à la survie. Ils ont même le temps de faire du surf ! C'est bien dommage parce que dès que le récit évoque les difficultés liées à la survie, il devient vraiment passionnant. de plus cela aurait donné l'occasion d'arpenter davantage l'ïle. En effet, finalement, je trouve qu'on ne se promène pas suffisamment partout et qu'on reste trop cantonné entre le camp et la plage. Là aussi, c'est dommage parce que les quelques évocations des paysages de Nil sont vraiment chouettes. le plus gros point noir du roman est selon moi l'écriture qui est très fonctionnelle. L'auteur n'a pas de style et ne cherche même pas en avoir. Elle déroule simplement son récit sans essayer d'en renforcer l'impact par des choix narratifs ou des effets intéressants. Il y a énormément de dialogues, beaucoup trop. Et il faut bien dire qu'ils sont souvent médiocres. Deidamie, avec qui j'ai lu « Nil » en lecture commune m'a dit qu'elle avait été très agacée par les commentaires incessants sur le physique des protagonistes. Comme je suis d'accord avec elle ! C'est vraiment à ce genre de choses que je pensais lorsque je parlais de carcan narratif et de clichés du registre young adult. Tout comme les références aux marques et, pire, à la téléréalité. Assez régulièrement, le roman se compare lui-même, en la citant, à l'émission koh lanta. C'est vraiment le genre de référence de bas niveau que je n'aime pas car il me donne l'impression de ne pas lire un roman mais de consommer un produit. Ce n'est plus un roman d'aventure, ça se contente d'être la version papier d'une émission de télé.

Arrivés à ce stade de ma critique, vous vous dites peut-être que j'ai détesté « Nil ». Et bien non. Rappelez-vous, j'ai dit que les défauts du roman étaient très agaçants, je me suis largement attardée dessus, mais j'ai aussi dit que ses qualités étaient vraiment enthousiasmantes. Ces qualités ne font pas oublier les défauts de « Nil », ils sont trop importants, mais les atténuent grandement. « Nil » c'est avant tout un formidable argument, un concept vraiment excitant. Il suffit de lire le résumé pour s'en convaincre. le concept est très astucieux et bien pensé. L'idée des portes entrantes qui peuvent amener de nouveaux rescapés ou des animaux sauvages est très bonne. Non seulement le point de départ est hautement séduisant mais en plus l'auteure déploie une belle imagination. Même si leur traitement n'est pas optimal, les développements proposés par Matson autour du mystère des gravures sont très prenants. J'avais vraiment envie d'avoir des réponses. Même si le roman ne répond pas à toutes les questions soulevées je n'en ai pas été frustrée. L'auteure distille tout de même quelques réponses en montrant la réflexion de Charley autour de la symbolique des mystérieuses gravures. En tout cas, il y a suffisamment de réponse pour ne pas frustrer le lecteur tout en laissant suffisamment de blancs pour donner envie de lire la suite. le principe de compte à rebours rend le récit addictif, c'est indéniablement un page-turner d'une efficacité redoutable que n'entament pas les faiblesses du roman.

Le bilan de ma lecture est donc mitigé mais, même si ce n'est pas tout de suite, je pense que je lirai la (les suites). Ma curiosité a été piquée, j'ai envie d'avoir d'autres réponses.
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