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Critique de sandrine57


Au début des années 90, Alexeï, jeune journaliste moscovite, est envoyé en Tchétchénie pour couvrir le conflit qui oppose le petit état du Caucase à la Russie. Installé avec les soldats russes d'occupation dans une caserne aux pieds des montagnes, il découvre la vie de garnison, la camaraderie, mais aussi la peur des attaques ennemies et les missions dans les villages rebelles. A Chatoï, non loin du camp russe, le journaliste rencontre Zéliha, la belle institutrice. C'est le coup de foudre, la passion, des moments volés à la guerre et aux traditions. Mais quand les rebelles tchétchènes attaquent, l'armée russe riposte et ne fait pas de quartier. Zéliha est arrêtée, Alexeï est exfiltré et renvoyé à Moscou, laissant derrière lui cet amour éphémère.
Des années plus tard, alors qu'il est installé à Istanbul avec femme et enfants, il tombe par hasard sur Zéliha, elle aussi mère, d'une adolescente rebelle qui ne sait rien de ses origines et fréquente une mosquée radicale. Quand, imprudent, Alexeï raconte un peu du passé de sa mère à la jeune fille, celle-ci s'enfuit et s'enrôle dans le djihad, décidée à se venger. Eperdue d'angoisse, Zéliha supplie le journaliste de lui ramener sa fille. En souvenir de son amour pour elle et pour compenser sa lâcheté d'antan, Alexeï s'envole pour l'Ukraine où ses anciens amis soldats ont repris du service.

Un roman intense, violent où si l'amour et l'amitié font de brèves apparitions, ils sont vite balayés par les horreurs de la guerre. La Tchétchénie vue par les yeux d'un jeune journaliste russe est un pays en ruines où subsiste l'étincelle de la rébellion. Lui a peur, peur des tchétchènes, peur des russes, peur de mourir. Sa relation avec Zéliha est une parenthèse enchantée dans les combats, un amour impossible sur lequel il tourne la page en retournant à Moscou. Il la laisse aux mains de l'ennemi sans avoir eu le courage de la protéger, de la sauver. Reste un immense sentiment de culpabilité. Pour se racheter, il veut sauver sa fille et pour cela il doit quitter sa famille et retourner à une vie plus aventureuse, encore une fois au coeur des combats, en Ukraine cette fois. Un autre lieu, une autre guerre mais la même violence, les mêmes soldats, la même opposition à la présence russe.
Dans un tel contexte, les personnages d'Owen Matthews tentent de survivre aux traumatismes. Ni bons, ni mauvais, ils partagent le même sentiment de culpabilité. de retour chez eux, les soldats ne peuvent oublier leurs exactions. Leur seul choix est de se rejeter dans l'enfer de la guerre. le journaliste est pris entre deux feux : témoigner de ce qu'il a vu, raconter une vérité qui ne plaira pas au pouvoir ou encore une fois se taire et trahir. Tous sont juste des hommes et des femmes incapables de se comprendre, pris dans le cours d'une vie qu'ils ne maîtrisent pas.
Le roman se termine là où il a commencé, dans la haine et le sang, le pardon impossible, la mort. Puissant et sans concessions.
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