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Critique de Litteraflure


Celles et ceux qui ont vécu (longtemps) à l'étranger le savent : éprouver l'altérité vous transforme de façon intime. Ce roman l'illustre à merveille.
Marco, le narrateur, a séjourné au Vietnam dans sa jeunesse, juste avant la débâcle américaine et la chute de Saïgon.
On l'installe à Dalat, une bourgade artificielle que les gouverneurs coloniaux ont établie sur les plateaux afin d'échapper à la moiteur de la capitale. Rues arborées à la française, grenouilles sautées dans l'assiette, reproductions de maisons alsaciennes et de chalets savoyards, Marco hallucine : « À quoi bon aller si loin pour retrouver ce qu'on a quitté ? » Il comprendra vite de quelle pâte est faite cette communauté d'expatriés nostalgiques.
Lui choisit l'autre voix, celle de l'inconfort et de la curiosité, de la confrontation et de l'émerveillement. Il en tirera deux parenthèses inoubliables, en suivant deux couloirs, en osant pousser la porte. L'une le mènera à l'horreur, l'autre à l'extrême ravissement. Il en perdra presque la parole, à jamais bouleversé (« J'ai largué les amarres du langage (…) et je me suis retrouvé face à la pureté acérée de l'expérience »). Ce récit est sa tentative ultime d'enfin poser des mots sur ce qu'il a ressenti.
Bien écrit, ce roman explore avec virtuosité les difficultés de compréhension d'une culture (la proxémique, notamment) dont les codes vous échappent. Il examine aussi l'impossibilité, pour celui qui rentre d'un voyage initiatique, de reprendre le train-train de l'existence : « Je voyais tous ces gens s'affairer (…) Leur prétendue connaissance de la vie me semblait dérisoire au regard de ce que je venais de vivre loin d'ici ».
Bilan : 🌹🌹🌹
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