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Critique de marcbali


Aujourd'hui je vais évoquer le couloir rouge roman de Brice Matthieusent. Ce récit situé au Vietnam à la fin de la guerre éponyme mêle rêve et cauchemar dans une atmosphère poisseuse et délétère.
Le couloir rouge débute un samedi soir ; comme chaque mois à Paris, un groupe de quatre hommes adultes, des amis, se retrouvent dans un restaurant vietnamien pour évoquer leurs souvenirs de jeunesse et d'Asie. C'est leur rituel : « sauf empêchement de l'un ou de l'autre, dû à une obligation familiale, à un voyage ou à une rare maladie, nous étions quatre lors de ces dîners mensuels » comme l'indique le narrateur, sorte de scribe scrupuleux des propos échangés. La conversation va vite tourner au monologue de Marco qui monopolise la parole en évoquant sa jeunesse et son séjour au Vietnam au moment de l'acmé de la guerre. le jeune homme cherche alors à partir, découvrir le monde et mettre en oeuvre les préceptes hippies ; il se retrouve à Dalat où il effectue une mission. Marco décrit l'environnement, le climat, la population. Et surtout en cette soirée alcoolisée il se remémore un traumatisme fondateur nimbé d'une exquise expérience sexuelle. La guerre déchire le pays, les blessés et les défunts jonchent le sol où il marche. Il se souvient : « depuis l'entrée de l'hôpital jusqu'au fond du long couloir, les murs étaient uniformément couverts de sang frais. On avait nettoyé le sol, le linoléum était sans tâche, désinfecté : mais, par manque de temps ou de personnel, les murs étaient restés tels quels, de cette couleur rouge sombre, violacée, presque noire, que prend le sang sur le point de coaguler. J'ai eu le sentiment d'être le dernier homme sur terre. » Cette scène est apocalyptique, la mémoire a capté chaque détail qui s'est ancré dans son inconscient. Sous l'effet des verres d'alcool la parole se fluidifie, après le drame la fuite de Dalat vers le sud s'organise dans le chaos. Marco croise une jeune femme avec laquelle malgré la débâcle il vit une expérience d'une extrême sensualité. C'est une sorte de découverte de l'amour sous la chaleur tropicale étouffante. Pourtant le protagoniste qui s'exprime plusieurs décennies après face à ses amis et à Vuong le restaurateur rencontré dans son pays d'origine ne peut que constater : « tous ces mois que je venais de passer en Asie se réduisaient à un couloir rouge donnant sur une chambre mortuaire. » Avant de rejoindre Paris pour éviter la déroute et le danger Marco se souvient que : « Saïgon était sens dessus dessous, aussi grouillante et affolée qu'une fourmilière dans laquelle on aurait donné un violent coup de pied. Les riches Vietnamiens et Chinois fuyaient le pays par avion ou par bateau. Partout, dans les cafés, les restaurants, les hôtels, mais aussi parmi la communauté des Français, le bruit courait que les troupes nord-vietnamiennes étaient aux portes de la ville. » La soirée rituelle s'achève...
Le couloir rouge est un roman évocateur d'un pays magique, ancienne colonie française avec dans les années 1970 des relents de cette époque. Les souvenirs de jeunesse des protagonistes sont ressuscités à l'occasion d'un dîner amical.
Voilà, je vous ai donc parlé du Couloir rouge de Brice Matthieusent paru aux éditions Christian Bourgois.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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