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Critique de SaveurLitteraire


Ces longues dents affûtées que l'on imagine plantées dans la chair d'une victime cachant un visage de bourreau. le Tatoueur est une bande-dessinée au goût polar très noir, scénarisée par Matz et habilement mise en scène et en couleurs par Attila Futaki. Une BD destinée à un format oneshot qui s'est retrouvée entre mes mains grâce à une Opération Club Sang chez BePolar et Bamboo édition, que je remercie chaleureusement ! Première bande-dessinée polar, première découverte du duo MATZ & FUTAKI, première incursion dans la maison d'édition qui a vu naître des titres alléchants !

La rencontre commence par une couverture sobre, mais surtout très élégante avec une qualité d'impression qui fait plaisir aux yeux et au toucher : un petit effet pour apercevoir le tatouage de ces dents pointues lorsqu'on penche l'objet-livre dans une direction, et le tour est joué ! Ce qui pique la curiosité, c'est la taille de ce casse-croûte. Peu de pages, pas très gros, voilà qui fait craindre une BD trop courte pour l'intrigue promise dans le résumé ! Aurais-je raison de m'en faire ?

Le style visuel, d'abord. Dans les tons gris et bleus de la nuit, sans beaucoup de variations à part des teintes de rouges disséminées dans les pages. Agréable tout en restant simple, sans s'embarrasser de détails et des décors pour garder l'attention sur les visages et les très beaux jeux d'ombres plantées dans les planches. On en retiendra les expressions des visages qui prêtent parfois à sourire ou à craindre un personnage menaçant, et le tatouage de la couverture, ici mis en couleurs ; les seules couleurs éclatantes qui brouillent l'effet nuit de la bande-dessinée !

On valide le ton graphique, mais qu'en est-il de ces 48 pages qui doivent faire tenir l'histoire d'un tatoueur extra-prudent qui ne travaille que la nuit tout en cachant sa vie, et une bande de taxis qui prévoit un monstrueux projet ? Comme je le craignais quand j'ai ouvert le carton de réception, le Tatoueur ne peut pas s'offrir un rythme de croisière ou le luxe de la profondeur. À peine a-t-on compris qui est qui que flingues, sang et cadavres lâchement abandonnés défilent sur les pages, sans plus de cérémonie. Autrement dit, la menace est tout juste soulevée qu'elle est éliminée cinq pages plus tard ; les craintes et la tension sont écrasées sur son passage.

Zoli, un tatoueur hongrois qui fuit son pays par besoin de survivre, on ignore pourquoi jusqu'au trois quart de la bande-dessinée. Bon point pour le mystère, bien géré. La bande de taxis présente à chaque coin de rue qui oeuvre pour une cause vue et revue de surcroît pas assez mise en avant pour laisser planer la menace. C'est ça que je reprocherais à cette bande-dessinée : son scénario hélas assez simpliste que le duo ne peut pas pousser à son maximum dans son potentiel, parce qu'il n'y a pas assez de place et d'espace pour tout mettre. C'est ainsi que malgré les nombreux axes de réflexions proposés et les mystères entourant les personnages, le Tatoueur ne parvient qu'à distraire le temps de la lecture, sans qu'on puisse rentrer dans son histoire, par manque de temps et d'intérêt pour des personnages peu exploités. À tel point qu'on se demande si la bande-dessinée n'est pas destinée à un format série, plutôt que oneshot !

Au menu, des axes de réflexions qui donnent sacrément envie : la signification des tatouages, leur importance, le milieu de travail des tatoueurs et leur train de vie sont effleurés grâce au personnage de Zoli, un type qui ne veut pas se faire connaître par peur de la menace hongroise, mais dont le métier consiste principalement à du bouche à oreille et donc à se faire connaître. L'exil pour la survie et le désir de revenir au pays, le désir de combattre une cause que l'on estime juste avec tout le pouvoir dont on dispose, finalement plus puissant que le pouvoir qu'on veut renverser… des sujets alléchants que le duo ne peut pas traiter comme il l'entend.

Entre facilités scénaristiques et quelques clichés, le Tatoueur serait à voir comme une bande-dessinée qui rend hommage au polar noir. En dépit de ses défauts, principalement le format court qui rend impossible tout réel attachement à l'histoire, c'est un bon moment à passer, ne serait-ce que pour le style visuel et l'élégance que dégage l'objet-livre ! Et si ce oneshot se décline en série, ce qui peut tout aussi bien arriver vu la fin, je serais assurément au rendez-vous pour, peut-être, m'attacher férocement à Zoli et à Laszlo ! Un peu dommage de repartir mitigée, mais au moins, je sais que je reviendrais avec plaisir si une suite voit le jour (un peu plus longue, cette fois ?)

Note : 3,5/5
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