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Critique de celinedr


J'ai eu connaissance de ce reportage il y a quelques jours seulement. Comment est-ce possible, me direz-vous ? Il date de 2014. Eh bien, pour ma défense, je dirais que je m'intéresse depuis peu à la culture japonaise ; j'étais complètement passée à côté de cet ouvrage. Je répare très vite cet impair.

Une lecture fascinante. Vraiment ! Des photos magnifiques. Les « évaporés », comme on les nomme, représentent une part non négligeable de la population nippone. Suite à un échec professionnel ou personnel : un licenciement, des dettes impossibles à rembourser, un adultère, un examen échoué…des personnes se sentent déshonorées. Incapables de faire face à un profond sentiment d'humiliation dicté par une société répressive dans laquelle l'échec est impardonnable, elles décident de fuir. Certains quittent tout sans laisser de traces. D'autres, les » yonige » décident de faire appel à ces » déménageurs du soir » afin de commencer une autre vie ailleurs. On les retrouve dans les « onsen », ces bains de vapeur, ou travaillant dans des « ryokan », ces auberges traditionnelles. Si une partie décide de se faire oublier en regagnant un paysage rural, une autre se fond dans l'anonymat de la ville. Des quartiers en abritent un certain nombre. le phénomène perd alors quelque peu de son mystère et devient plus compréhensible, plus concret, plus proche.

Sans un mot pour leur famille qu'ils abandonnent dans une grande peine, pendant des mois, des années ou pour toujours, ils vivent en marge de la société dans un isolement et un dénuement des plus effrayants. du moins, est ce ainsi que les choses me sont apparues pour tous les témoignages présentés, excepté un : le dernier. En effet, celui-ci contrairement aux précédents, ne présente pas les » évaporés » comme des victimes, lâches, qui ont fui face à la difficulté mais comme des personnes courageuses, avides de liberté qui ne se laissent pas enchaîner et dicter leur conduite par des règles trop strictes imposées par une société qui exerce une pression sans relâche sur ses habitants.

Des associations ont été créées afin d'apporter de l'aide aux familles des disparus. le gouvernement semble submergé. Si certains parents se lancent aux yeux de tous à la recherche d'un membre perdu, ils sont rares. Beaucoup le font dans la plus grande discrétion car il est honteux de compter un évaporé parmi les siens.

Si ce phénomène n'est pas typiquement japonais, il est aisé de reconnaître qu'il est bien plus présent au Pays du Soleil Levant que partout ailleurs.

Le sujet est aussi passionnant qu'effrayant. Je conseillerai ce reportage à tous les curieux et pas seulement à ceux qui le sont de la société japonaise. Chaque ouvrage de fiction, ou non, que je lis concernant cette société est assez déroutant. L'influence du collectif sur l'individuel est considérable. Les conventions priment sur le bien-être et l'épanouissement. Il parait invraisemblable d'en arriver à une situation aussi extrême. Et pourtant, lorsque la machine est lancée, difficile de la retenir.


Lien : https://labibliothequedeceli..
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