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Critique de Nastasia-B


Somerset Maugham est un auteur que je ne connaissais que de nom (et encore, je me suis rendu compte que ma prononciation de son nom laissait beaucoup à désirer : apparemment, il faudrait prononcer Maugham un peu comme le " môme " de la chanson Jolie Môme mais plutôt avec la prononciation de Juliette Gréco quand elle en a un coup dans le nez qu'avec celle de Léo Ferré ou bien encore avec le son distendu d'une vieille cassette audio restée trop longtemps dans l'auto-radio en pleine chaleur).

Mais, il est vrai, Somerset Maugham, ce n'est pas qu'un nom imprononçable pour une âme francophone, c'est aussi un ancien auteur à succès, notamment dans l'entre-deux-guerres. Lorsque la collection Le Livre De Poche vit le jour en 1953, elle tabla sur des auteurs " fiables " en termes de promesses de ventes et inscrivit donc très vite le nom de Somerset Maugham dans son catalogue. On dit souvent de lui qu'il était l'un des auteurs si ce n'est L'auteur le mieux payé des années 1930.

Cependant, des années ont passé et je ne suis pas certaine que nombreuses soient encore les personnes actuelles à connaître Somerset Maugham, et moins nombreuses encore celles qui le positionneraient parmi les " grands " auteurs ou les " incontournables ". Preuve, s'il en était besoin, qu'être un auteur à la mode ne signifie nullement être un grand auteur. (En outre, il faut se méfier de la réciproque : ce n'est pas parce qu'un auteur n'est pas à la mode ou n'a pas de succès qu'on dira de lui un jour qu'il est un grand auteur. Voilà pourquoi les grands auteurs sont si rares.)

Eh oui, monsieur Maugham, c'est un peu daté votre façon d'écrire. Je ne peux pas dire que je trouve ça mauvais, mais on sent bien l'amidon dans votre col de chemise, on sent bien votre air guindé de mondain anglais dans une société en pleine mutation où le vieil ordre victorien dégringole à vitesse grand V.

Cette vie de salon à la Agatha Chritie, avec le petit doigt levé, ces bourgeois qui parlent aux bourgeois, ça fait vieux tout ça. Je suis désolé de vous le dire, cher Somerset, mais vos nouvelles sentent un peu le moisi et la naphtaline, comme si elles étaient restées très longtemps dans un vieux tiroir de commode qu'on aurait oublié de ventiler.

Alors vous allez me dire que 1930 ce n'est rien par rapport aux vieilleries que je lis ordinairement. Eh bien justement, lorsqu'une œuvre de 1930 m'apparaît vieille, moi qui ai l'habitude de trouver de la fraîcheur dans des écrits des XIXème, XVIIIème, XVIIème et ainsi de suite jusqu'à l'Antiquité, c'est sans doute qu'il y a quelque chose à redire, un effet de mode un petit peu trop poussé.

Ceci étant dit, ce ne fut pas une lecture désagréable. C'est juste que je n'ai pas le sentiment qu'elle me marquera durablement.

L'ouvrage est constitué de six nouvelles dont le titre français est très évocateur (le titre original est très différent).

En effet, à chaque fois il y est question d'une histoire d'amour où un obstacle particulier rend la relation amoureuse insolite. Que cela soit une femme mariée de la quarantaine bien sonnée qui s'entiche d'un jeune homme dans Vertu, ou, cas presque similaire, d'un jeune homme tombé raide dingue d'une femme de cinquante ans dans Jane.

Que cela soit un gigolo dispensateur d'affection pour femmes seules en mal d'amour dans La Bonne Douzaine ou un fils de bonne famille juive convertie au christianisme qui choisit une vie de bohème auprès de sa communauté d'origine dans La Voix D'Israël ou bien encore des unions entre personnes de conditions sociales très différentes comme dans La Bête Humaine ou La Femme De Lettre, l'auteur choisit toujours un démarrage en douceur.

On aurait presque l'impression qu'il cherche à nous endormir, à nous bercer sagement pour mieux nous saisir avec ses fins de nouvelles où l'émotion est convoquée. Toutefois, j'aurais tendance à croire que ses effets sont quelque peu téléphonés pour le lecteur moderne et que la chute, censée être le point d'orgue de chacune de ces six nouvelles arrive avec ses gros sabots et qu'on la voit grosse comme une maison aux deux tiers de la narration.

C'est un style, ça plaît ou ça ne plaît pas. Personnellement, je trouve ça très mollasson et " lecture à papy ", sans oublier qu'il y a de temps en temps de bonnes remarques machistes ou misogynes qui alourdissent encore le montant de l'ardoise.

Bref, je ne regrette pas de l'avoir lu mais je ne suis pas certaine de relire quoi que ce soit un jour de cet auteur. Néanmoins, souvenez-vous que ceci n'est qu'un avis singulier, c'est-à-dire, très peu de chose.
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