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Critique de berni_29


Liza, c'est Liza de Lambeth, premier roman de l'écrivain anglais William Somerset Maugham.
Le succès de ce livre dès sa parution lui permit de renoncer à la carrière de médecin à laquelle il se destinait.
L'auteur nous immerge dans l'atmosphère sombre et glauque d'un quartier industriel de Londres à la fin du XIXème siècle.
Liza Kemp est une jeune et belle fille de dix-huit ans, qui mène une existence misérable. Elle travaille à l'usine, vit seule avec sa mère, alcoolique, malade et querelleuse, dans un taudis de Vere Street, une rue du district de Lambeth. Elle est issue d'une famille de quatorze enfants.
C'est pourtant une fille étonnamment joyeuse et brillante, qui ne se laisse pas apitoyer par la vie, prenant soin de sa mère. Son caractère enjoué la rend proche des autres gens du quartier. Ainsi Tom, un garçon de son âge, n'est pas indifférent à son charme, Liza aime sa compagnie, mais rejette celui-ci lorsqu'il la demande en mariage.
Un jour, alors qu'elle est poursuivie par un groupe d'hommes, elle fait la connaissance de Jim Blakeston, bien plus âgé qu'elle. Celui-ci lui fait aussitôt des avances, lui volant un baiser. Plus tard, elle accepte de le revoir, elle apprend que Jim est marié et père de cinq enfants, découvre aussi sa violence domestique... C'est peut-être pour cela aussi que Tom espère encore un peu, pourtant Liza ne l'entend pas ainsi et continue d'être attiré par Jim...
À travers ce jeune personnage féminin fougueux et déluré, dont le désir insolent l'entraîne sur une voie inévitablement tragique, Somerset Maugham bouscule ici les codes traditionnels que la société britannique bien-pensante de l'époque imposait à la littérature romanesque.
Mais si Liza s'était contentée d'accepter les avances de Tom, il n'y eût pas d'histoire, vous êtes d'accord, n'est-ce pas ?...
Somerset Maugham nous plonge ici avec un réalisme criant de vérité dans l'inconfort d'un quartier pauvre du Londres de la fin du XIXème siècle.
Le malaise social qui est la toile de fond du récit nous saisit à la gorge dès les premières pages. Grèves ouvrières, problème de logement, de santé publique, alcoolisme, insécurité, criminalité... Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce mélodrame populaire une oeuvre forte.
Cette peinture réaliste et sombre m'a fait tout de suite fait penser à Zola ou Maupassant. J'y ai reconnu le talent d'un peintre, comme il m'est arrivé de le ressentir devant ces deux auteurs français si chers à mon coeur. Ainsi, la description de la chambre de Liza relève d'un tableau d'un peintre expressionniste allemand, jouant sur les lumières et les contrastes.
Qui plus est, Somerset Maugham fait preuve d'un talent de dialoguiste rendant si vrais les personnages qui se cherchent, se frôlent et se confrontent...
Et puis il y a toujours une petite touche humoristique... Pour pitoyable et pathétique qu'est l'histoire de Liza, celle-ci est en effet agrémentée de scènes parfois comiques. Certes c'est un humour noir...
La construction du récit, sous forme de scènes qui se succèdent et qui sembleraient dédiées à une représentation théâtrale, accentue l'intrigue, laissant flotter dans l'air comme un douloureux et cruel présage au-dessus de la solitude palpable de Liza.
Et moi, je ne voulais pas qu'il arrive du mal à Liza Kemp...
Je ne suis pas surpris de découvrir que la première vocation de l'écrivain était de devenir médecin, c'est un observateur fin de l'âme humaine.

She hangs her head and cries on my shirt ♫
She must be hurt very badly
♫ Tell me what's making you sad, Lisa
Open your door, don't hide in the dark
You're lost in the dark, you can trust me ♫
'Cause you know that's how it must be
Lisa, Lisa, sad Lisa, Lisa ♫
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