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Critique de Pavlik


Le Horla est une nouvelle bien connue des amateurs de fantastique mais également des adeptes de son auteur, Guy de Maupassant. Son oeuvre peut être qualifiée de réaliste mais de nombreux éléments fantastiques la parsèment (La Chevelure, La Tombe...) s'axant sur le registre de la folie et de la paranoïa. Guy de Maupassant était, en effet, un écrivain profondément pessimiste, qui fit plusieurs tentatives de suicide et qui mourut, interné, un mois avant son quarante troisième anniversaire. Lorsqu'il écrit le Horla, en 1887, sa santé mentale est déjà extrêmement précaire.

L'histoire est celle d'un homme de quarante deux ans qui coule des jours paisibles dans sa propriété en bord de Seine, près de Rouen. Un jour il voit passer un trois mats brésilien devant ses fenêtres et à compter de ce moment il devient la victime d'étranges phénomènes qui lui donnent rapidement l'impression qu'il n'est pas seul. Un être apparemment surnaturel, invisible, qu'il baptise le Horla, semble prendre un malin plaisir à le tourmenter. le héros en vient à se rendre au Mont St Michel ou un moine lui raconte de vieilles légendes, évoquant la présence d'autres êtres que les hommes sur terre. de retour chez lui, les phénomènes étranges ne font que s'accentuer et il devra (ou croira devoir) prendre une mesure radicale pour y remédier, à savoir l'incendie de sa maison, sans garantie de succès. A tel point qu'il se posera sérieusement la question de son propre suicide.

Cette nouvelle a connu deux versions. Je parle ici de la seconde, la plus célèbre, dans laquelle Maupassant a recours à la forme du journal intime, créant de fait une proximité avec le lecteur, à qui il souhaite s'adresser comme à un proche, ce qui renforce le sentiment d'angoisse et sonne comme un avertissement. Car c'est bien de lui qu'il nous parle, en nous narrant cette lente descente dans les tréfonds de la folie, mais il semble également vouloir nous dire que chacun est susceptible d'y succomber. En effet, même si l'ensemble de l'histoire joue de l'ambiguïté entre un irréel toujours possible et la réalité angoissante, mais plus banale, d'un homme qui sombre dans la paranoïa, il ne fait aucun doute (en tous cas pour moi) que Maupassant s'est attaché à nous décrire cette dernière et se sert de l'aspect fantastique comme d'une parade à ses propres défaillances mentales. Consciemment ou pas, il ne croit pas à la présence d'êtres surnaturels, dont la possibilité est évoquée par un moine, et quand on sait l'opinion qu'il se faisait de la religion, il y a peu de chance qu'il fasse grand cas des paroles d'un de ses représentants. Mais peu importe car, d'un point de vue stylistique, c'est sur cette ambiguïté que repose toute la tension dramatique qui permet à Maupassant de nous livrer une nouvelle de grande qualité, qui marque celui qui la lit (fan de fantastique ou pas) et qui est, depuis, devenue un classique.

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