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Critique de Zora-la-Rousse


Tout commence comme une boutade, une plaisanterie portée sur un évènement plutôt extraordinaire : John, un professeur d'histoire française d'origine anglaise rencontre, au cours de ses vacances du côté du Mans Jean de Gué, son parfait sosie.
S'ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau, leurs vies sont à l'opposé : l'un est introverti, solitaire, sans famille et d'origine modeste, l'autre expansif, sociable, très entouré et d'origine noble.
En faisant connaissance, ils réalisent qu'un point commun les réunit cependant tous deux, ils sont aussi insatisfaits l'un que l'autre de leur vie réciproque.
Après une soirée bien arrosée, Jean de Gué disparaît avec les affaires et l'identité de John. Celui-ci, pris par surprise, décide pourtant de se prêter au jeu, doutant fortement tromper son monde bien longtemps.
Et pourtant…

Encore une fois, me voici envoûtée par Daphné du Maurier, de par son écriture raffinée et captivante. Au commencement se noue une intrigue autour d'un échange d'identité qui promet quiproquos et rebondissements, mais attention, ce n'est pas du vaudeville que le lecteur trouvera là. Il s'agit plutôt de la description d'un malaise grandissant devant une duperie que John s'emploie à cacher à tout prix devant l'ampleur des enjeux familiaux et économiques qui se sont révélés à ses yeux.
La plaisanterie devient tromperie, et le lecteur est pris au piège autant que le protagoniste principal, de la tension qui grandit au fil des pages, des révélations sur cette famille de Gué qui cache bien des mystères, révélés brutalement à cet inconnu qui provoque à son tour, par méconnaissance ou intentionnalité bienveillante, des dommages irrémédiables.
Plusieurs questionnements émaillent ce superbe roman au suspense insoutenable : peut-on réellement prendre la place de quelqu'un ? Même animé des meilleures intentions, peut-on faire le « bien » lorsqu'on n'est pas celui que l'on prétend être ?
Le comte Jean de Gué nous apparaît comme un homme vil, manipulateur et cynique, mais que penser de John qui décide de jouer ce rôle imposé avec une forme de présomption et d'outrecuidance ? Y a t-il réellement un gentil et un méchant dans cette histoire…

Daphné du Maurier nous livre là un magnifique roman psychologique et angoissant…
Nul besoin d'horrifique pour me faire frissonner… et vous ?
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