Avant, passive et désabusée face à l’infernale éternité que lui promettait une vie filandreuse et insipide, Mado, selon l’expression consacrée, jouait à « tuer le temps ». Mais elle avait toujours été consciente que c’était lui qui la tuait. Enceinte, elle le créait, le quantifiait, le manipulait, le rendait fondé et tangible pour qui la voyait.
Une femme dissimulée et dissimulatrice, cernée d’épines et de lianes urticantes que la difficulté à cueillir avait rendue précieuse au désir des hommes.
Elle était de ces femmes qui ont le sens de l’honneur et des principes, et elle n’avait jamais eu de difficultés à refuser la fragilité.
Mais la prise de pouvoir, comme la vengeance, est un plat qui, lorsqu’il a refroidi, décuple bien mieux ses enivrantes saveurs.
Elle n’aimait rien. Faisant peu et toujours sans envie.
Tout était bon pour celui qui est assez malin pour faire de rien le carburant de sa destinée.
La négation de l’homme que l’on est et de celui que l’on nous ordonne de condamner.