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Critique de Krissie78


29 mai 1985. Stade du Heysel à Bruxelles. Ce jour-là ce devait être la fête du football avec la finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions. Elle devait opposer les Reds de Liverpool à la Juventus de Turin, les deux meilleures équipes d'Europe, venues des deux meilleurs championnats nationaux. Ce fut non seulement un drame mais aussi une tragédie.

Une tragédie car tous les éléments sont réunis ce jour-là pour que le destin se réalise. Depuis les années 1960, le hooliganisme sévit en Grande-Bretagne. Mais dans la première moitié des années 1980 il prend une nouvelle ampleur avec l'intrusion du politique. Côté sportif c'est le foot qui catalyse les énergies et les violences. Les règles, ou plutôt l'absence de règle de sécurité dans les stades, font que ni la police ni l'UEFA ne sont capables de gérer correctement la situation. En 1984 l'animosité entre les Anglais et les Italiens prend de l'ampleur suite à plusieurs confrontations sportives. Alors, lorsqu'arrive cette finale de mai 1985 tous les éléments de la tragédie sont en place pour que cette journée cristallise les jalousies et les rancoeurs accumulées depuis des mois, des années. Des supporteurs déchainés par une haine aveugle et imbécile, des grilles qui s'effondrent, des forces de l'ordre dépassées : 39 morts et plus de 400 blessés.

Dans ce roman choral, Laurent Mauvignier, avec sa plume intimiste et dense, nous raconte cette journée et les traces qu'elle a laissées sur 4 groupes de personnes. Il y a ce jeune couple italien, Tana et Francesco, qui viennent de se marier. Elle a 23 ans et n'a jamais assisté à un match de football, lui est fan depuis toujours. Il y a Jeff et Tonino, les amis venus de France pour l'évènement. Il y a Gabriel et Virginie, les Bruxellois qui vont rester hors du stade. Et puis il y a le trio britannique : les frères dont le plus jeune ne voulait pas venir parce que ne partageant pas les idées de ses frères, mais qui a obéi à son père qui tenait à ce qu'il soit là cette finale.

C'est par une plongée dans les réflexions intimes des personnages que Laurent Mauvignier déroule la progression vers le drame. de longs monologues intérieurs qui décrivent l'attente, l'enthousiasme, l'anticipation de la fête, la tension dans les rues de Bruxelles puis aux abords du stade et enfin l'explosion de la violence dans les gradins, la peur, l'effroi, le chaos, la fuite et puis l'après. Trois ans plus tard, alors que se tient le procès des hooligans, chacun tente de dépasser à sa manière les marques laissées par cette journée.

Par le talent de l'auteur on ressent pleinement toutes les émotions vécues par ses personnages. On partage leurs espoirs et leur souffrance, toute l'absurdité de ce qui s'est joué ce jour-là dans ce stade. Au-delà du fait sportif et historique c'est une exploration de l'âme et du coeur touchés par la plus grande des souffrances, par un traumatisme intense qui brise des vies ou leur donne une nouvelle orientation.
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