J'ai rangé votre visage
Au recueil de ma douleur
Quand je feuillette mon coeur
C'est toujours à votre page
Chaque poème une tornade
Un mot de ciel un verbe vent
Il faut avoir songé longtemps
Pour qu'éclate un chant de grenade
Tu arrives coeur étonné
De tout l'amour qu'il reste à dire
Alors tu dis s'aimer c'est rire
Et que pour vivre il faut chanter
Pour un instant pour des années
N'importe Voici les pivoines
Et le temps qui croit qu'il me fane
Se trompe Il m'a multipliée
Dans l'encrier de nuit plongeant
Bras tendu sa main quémandeuse
Elle rit et s'estime heureuse
Lorsque le matin la rouvrant
Le poème est écrit dedans
Pâli tout palpitant froissé
Frissonnant d'être ainsi passé
De son ciel à notre tourment
Qu'importe ? De quelques mots
Elle a fait de tels poèmes
Que parfois le ciel lui-même
Les prendra pour des oiseaux...
La vie passe Nous la suivons
De tant d'étés d'autant de neiges
O tant de saisons qu'aurai-je
Au mourir que cette chanson
Silence blanches cathédrales
Et les mots qui brûlent dedans
Nous nous aimerons si longtemps
Qu'ils finiront fumées d'étoiles
Elle est la première venue
Elle est toutes celles qu'on aime
Elle est nue comme on se promène
Au jardin qu'on n'a jamais eu
Elle est une fille perdue
Pure comme à toute fontaine
Plus on y boit plus y reviennent
Les perles d'une eau sans refus
Elle est une femme légère
Elle dit oui toujours toujours
A ce que murmure un amour
En son coeur d'or de primevère.
Comme est la terre à toute eau vive
Comme tout ciel à ses oiseaux
Toute chair à tout sang nouveau
Comme est le songe à la pensive
Ainsi l'amour à sa parole
Est espace où laisser partir
Les sauvagines d'un désir
Qui va vers les soleils qu'il frôle