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Critique de Lune


Claude Mazauric nous convie à découvrir le jeune « Jean-Jacques » avant qu'il ne devienne « Rousseau ».
De sa naissance, le 25 juin 1712, marquée par la mort de sa mère neuf jours plus tard jusqu'à l'aube de ses trente ans, nous parcourons tout ce que le futur philosophe passé engrangera auprès de ses formateurs (son père, la pension chez le pasteur Lambercier, son stage d'apprenti graveur, son arrivée chez Mme de Warrens,...), ses initiations musicales, ses différents emplois (maître de musique, employé au cadastre, précepteur,...), ses études aux Charmettes ( la maison de Mme de Warrens, la protectrice, «Maman » qui tour à tour aime, écarte, reprend) où il étudie les mathématiques, l'astronomie, herborise, observe.
L'homme se forge tout en cherchant où se trouve son destin. Pendant quelques années, Jean-Jacques s'imagine musicien, compositeur, théoricien. Il n'y a que Paris de possible pour obtenir une reconnaissance, il y « monte » et présente son « Projet concernant de nouveaux signes pour la musique » à l'Académie des sciences de Paris. Grande déception : rien de neuf dans sa proposition (il l'ignorait), ce système de notation musicale a déjà été proposé. Il commet aussi l'irréparable : réduire en un acte l'opéra composé par Jean-Philippe Rameau, le grand compositeur du moment. C'est l'époque de la « Querelle des Bouffons ». Musique italienne et musique française ont chacune leurs défenseurs. Rameau ne ménagera pas Jean-Jacques. J'ai d'ailleurs relu quelques lettres écrites par Diderot, Rousseau et Rameau. le règlement de comptes y est mordant, subtil, assassinant.
Jean-Jacques s'est donc fourvoyé mais comme le mentionne l'auteur « Pour le bonheur des siècles postérieurs, peut-être la Providence, ou ce qui en tiendra lieu dans notre raisonnement, nous a-t-elle préserver du contraire. C'est l'écrivain et le philosophe Rousseau qui s'imposera bientôt, non le concurrent malheureux de Rameau. »
Car « Jean-Jacques devient Rousseau » et qui n'a pas lu quelques pages ou extraits de « Julie ou la Nouvelle Héloïse », de « l'Emile » en imaginant cette pédagogie ô combien attractive et utopique, des « Confessions » et des merveilleuses « Rêveries du promeneur solitaire ».
Ce court livre documenté nous met dans les pas d'un jeune roturier du XVIIIe nous montrant ainsi la construction, les émois, les rêves, les affronts qui constitueront une des personnalités attachantes de ce siècle.
Merci « Rousseau » pour ce parfum de liberté, ce désir de classes sociales abolies où chacun, dans le respect de soi-même et le respect des autres, pourrait trouver cette place que nulle comparaison, nuls préjugés ne viendraient assécher et où la compassion sincère et ressentie pourrait s'épanouir. En cela, Jean-Jacques devenu Rousseau fut un précurseur de bien des idées développées aux XIXe et XXe siècles.

Je remercie Babélio et les Editions Au Diable Vauvert (www.audiable.com) de m'avoir permis cette agréable lecture.
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