Mais la curiosité est une passion sans scrupules ni repos, et aucune jeune fille ne peut endurer avec grâce qu'une autre refuse d'accéder à ses demandes.
Les jeunes personnes se prennent d'amitié, et même d'amour, dans l'instant.
Mais l'amour est toujours égoïste. Plus il est ardent, plus il est cruel.
J'étais un peu timide, comme le sont les personnes solitaires (...).
- Tu as peur de mourir ?
- Bien sûr, tout le monde a peur de mourir.
- Mais mourir comme les amants, mourir ensemble, pour pouvoir vivre ensemble ! Les jeunes filles sont comme les chenilles quand elles vivent leur vie dans le monde, et se transforment finalement en papillons à l'arrivée de l'été. Mais en attendant, elles sont des larves et des vers, tu comprends ; chacune avec leurs penchants particuliers, leurs appétits et leur forme.
Après tout, il faut bien mourir, tout le monde doit mourir ; et on est bien plus heureux une fois mort.
Ma bien-aimée, ton petit cœur est blessé. Ne me crois pas cruelle parce que j'obéis à la loi implacable de ma force et de ma faiblesse. Si ton cher cœur est blessé, mon cœur éperdu saigne avec le tien. Dans l'extase de ma très grande humiliation, je vis dans l'ardeur de ta vie, et tu mourras -doucement- dans la mienne. Je ne peux l'empêcher. Comme je me rapproche de toi, à ton tour, tu iras vers d'autres et tu apprendras cette extase cruelle qui est aussi de l'amour. Pour l'instant, ne cherche pas à en savoir plus sur moi, ni sur les miens, mais fais-moi confiance de toute la tendresse de ton cœur.
Imaginons pour commencer une région tout à fait épargnée par le fléau. Comment cela commence-t-il et comment cela s'étend-il? Je vais vous l'expliquer. Une personne qui n'est pas sans défauts met fin à ses jours. Dans certaines circonstances, quelqu'un qui se suicide devient un vampire. Ce spectre rend visite à des personnes vivantes pendant leur sommeil. Elles meurent, et presque toujours elles deviennent vampires dans leurs tombes.
Au printemps suivant , mon père m'emmena en Italie. Le voyage dura plus d'un an. Il fallut très longtemps pour que la terreur que j'avais éprouvée s'apaise enfin. Et aujourd'hui encore, l'image de Carmilla me revient à la mémoire dans sa dualité ambiguë : tantôt je revois la jeune fille ravissante, languide et espiègle, tantôt le démon grimaçant de l'église en ruine. Et quand je me perds dans mes rêveries, il m'arrive souvent de tressaillir, croyant reconnaitre le pas léger de Carmilla à la porte du salon.