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Critique de Albertine22


Magnifique couverture d'une subtile simplicité : un arrière-plan africain, un tissu traditionnel, et comme posés sur celui-ci des éléments symbolisant New-York. La trame du roman est bien suggérée par ce montage. Jende a quitté sa ville de Limbé au Cameroun pour faire fortune au Etats-Unis. Faire fortune n'est pas la formule exacte, il ne se rêve pas millionnaire. Il souhaite un travail pour subvenir au besoin de sa famille et surtout pour financer les études de ses enfants. Par l'intermédiaire de son cousin Winston, il obtient une place de chauffeur auprès de Clark Edwards, banquier à la Lehman Brothers. Nous sommes en 2007, juste avant la "chute" de cette institution financière et ses conséquences désastreuses.

Jende a quitté le Cameroun pour New-York, laissant derrière lui Neni, la femme qu'il aime et leur fils Liomi. Au bout de trois ans de galère, il est parvenu à les faire venir et son bonheur serait complet s'il obtenait ses papiers et la green card tant espérée. L'auteure Imbolo Mbue, elle-même originaire de Limbé et installée aux Etats-Unis, nous décrit l'Amérique au travers du regard de Jende et Neni. Ils aiment ce pays sans vraiment le comprendre, ils en observent les us et coutumes sans vraiment les partager, un pied aux Etats-Unis, un pied au pays.

Le personnage principal n'est pas seulement le chauffeur de M.Edwards mais aussi celui de sa femme et de leurs enfants. Il devient spectateur bien malgré lui des crises qui secoue le couple et se retrouve "instrumentalisé" tour à tour par son employeur et son épouse. Il subit par contrecoup l'effondrement de la Lehman Brothers et ne bénéficie pas comme son patron d'un parachute doré.

L'auteure nous dépeint deux familles, deux fonctionnements de couple, deux univers qui se déroulent en parallèle. Les passerelles sont rares entre ces deux mondes, rares et surtout fragiles. Dans ce roman, l'intégration est une belle utopie qui se laisse approcher pour ensuite vous filer entre les doigts.

Ce roman foisonnant bruisse de dialogues savoureux en pidgin ou en anglais mâtiné de tournures africaines. Il fleure bon les bananes plantains et les beignets puff-puff. Il nous parle d'exil, d'appartenance à un pays, à un culture, de rêve de vie meilleure mais aussi du prix à payer pour l'obtenir. La tristesse affleure souvent, partiellement masquée par un verbe haut en couleur, par des chants et des danses, par des rires qui éloignent pour un temps le malheur.

Neni vous dirait sans doute si elle pouvait s'adresser à vous, lecteurs : " Il faut lire ce roman, eh ! Oh, Papa God, vous ne le regretterez pas !"
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