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Critique de Allantvers


Surprenant James Mc Bride, qui a décidément plus d'une corde à son arc : là où j'attendais une création romanesque furieusement déjantée sur la vie de James Brown, à l'instar de ce qu'il avait produit sur celle de John Brown dans "L'enfant du bon Dieu", voilà qu'il nous emmène dans un carnet de voyage dans le vieux sud miséreux et coriace sur les traces de l'artiste, à la recherche du vrai James Brown, l'homme acharné à cacher à tous son vrai visage et surtout à "l'homme blanc", qui n'en a retenu (pas entièrement à tort d'ailleurs) que l'image d'un clown volcanique et violent.

Drôle d'objet hybride que ce livre, entre enquête de terrain, confession d'auteur et précis d'histoire de la musique noire américaine, le tout parsemé de notes de jazz et d'envolées de cuivres. Beaucoup de redites et une construction paresseuse n'en détruisent pourtant pas le charme qui opère au fil des pages: la sincérité de l'auteur, Noir et musicien lui-même, est indéniable, l'évocation intime de ce que c'est d'être Noir en Georgie, en Caroline du Nord et du Sud en 1930 et jusqu'à aujourd'hui à travers des rencontres sur le vif avec ceux qui l'ont cotoyé, femmes, amis, musiciens (les pages sur Pee Wee Ellis sont magnifiques), tout cela fait que le portrait qui se dessine en creux de l'artiste (dont soit dit en passant je ne suis pas particulièrement fan) prend une réelle densité, celle d'un petit black surdoué qui s'est extrait de la misère de sa condition à force de travail acharné, retors comme un marlou mais aux valeurs en bronze, arborant une arrogance tyrannique pour dissimuler ses terreurs profondes, richissime et ruiné, échouant au final à maîtriser sa postérité et léguer ses biens aux enfants pauvres du Sud, quelle que soit leur couleur de peau.

Sur un sujet plutôt casse-gueule, c'est autant le James McBride musicien que l'écrivain qui s'en tire finalement pas mal en offrant à ses lecteurs une ode à la musique et à la condition noire, dans un livre où l'on interromp sans cesse sa lecture pour aller écouter les merveilleux musiciens évoqués avec amour et respect.
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