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Critique de Stockard


Quand on parle d'Amérique profonde en littérature, il est bien rare qu'on ait aussitôt l'image d'un endroit idyllique peuplé de personnes droites, respectueuses et à la morale impeccable. Il y en a pourtant, Matthew McBride le dit en exergue, des travailleurs, des gens honnêtes et puis nous aussi on en connait, au hasard Atticus Finch (dans "Ne tirez pas..." parce que l'autre Sentinelle là, tiens je préfère faire comme si ça n'existait pas), Adam Trask et autres John Singer... Donc oui, ils existent mais malgré tout, Amérique profonde rime toujours avec dégénérondes (là c'est parce que j'ai dit que ça rimait alors forcément, après, il fallait bien que ça rime, j'aurais eu l'air de quoi sinon ?) bref, le taré consanguin, drogué, sous-éduqué, violent et macho en option. Eh bien avec "Soleil Rouge", on n'est pas déçu, c'est exactement à ce genre de personnages hautement fréquentables qu'on a affaire.

La meth, la meth, la meth, pour un bon tiers (et encore, c'est un minimum) des habitants du comté de Gasconade (Missouri), elle constitue le seul intérêt de la vie, la seule raison de se lever le matin vers midi. Pour la meth on vendrait, tuerait, massacrerait, truciderait, immolerait sa propre mère (clin d'oeil à Bazooka Kincaid, riant personnage tout ce qu'il y a de sympathique) et plus encore. Mais tout n'est pas si simple, pour quelques doses quotidiennes, il faut s'associer à ses pairs tous plus intellectuels les uns que les autres (parfois même s'allier à des flics, gardiens de prison etc...) en sachant que ces soi-disant amis n'hésiteront pas à vous planter un couteau dans le dos s'ils soupçonnent que vous avez 1 gramme sur vous que vous n'êtes pas disposé à partager (d'un autre côté, l'égoïsme, c'est pas bien non plus).
Bref, à Gasconade, flic ou voyou, on ne fait pas vieux os, ou au moins très rarement.

L'écriture de Matthew Mcbride est fluide, rythmée, on entre facilement dans cette histoire de drogue, de trahison et de mobile homes mais malgré tout il manque un petit quelque chose. La méthamphétamine, c'est bien beau mais un petit grain de sel, pour relever le plat, ça peut être bienvenu aussi et là, y'en a pas ou très peu. Ça reste assez fadasse du fait d'un désintérêt marqué pour les personnages, qu'ils soient bons ou mauvais. On a beau ne pas s'attendre à ce que certains se fassent refroidir, on ne cille même pas quand ça arrive.
C'est pas très grave, "Soleil Rouge" n'en reste pas moins un agréable moment de lecture et McBride a encore de grands romans noirs à nous pondre ; il s'améliorera, pas de doute et à ce moment-là, ça va faire mal. Vivement !
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