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Critique de KrisPy


Qui est Howard McCord ?
C'est la question qui me hante depuis que j'ai lu son livre, L'homme qui marchait sur la Lune. 4ème de couverture : McCord est né au Texas en 1932, il a fait la guerre de Corée, il a parcouru à pied de nombreux pays, et vit maintenant dans l'Ohio.
Je ne suis pas plus avancée, la lecture de son livre m'en a appris tout autant : William Gasper, un ancien marines tueur professionnel pour le compte de l'armée, à la retraite, marche, solitaire, sur une montagne du désert du Nevada, La lune. Les grandes marches solitaires, c'est son truc. Les gens, il ne les aime pas, il les évite. Sinon il les tue. Il aime les armes, la lumière des étoiles, la chaleur du désert, et courir nu pendant des kilomètres.
Ah oui, une sorcière le pourchasse aussi, accessoirement.
Gasper, l'alter-ego de McCord, est un homme à part. Son physique tout d'abord, d'une endurance acquise en temps de guerre, ne lui fait jamais défaut, et lui permet ces longues pérégrinations en milieux hostiles. Puis son mental, sans concession, intègre à sa personne, totalement dévoué à sa survie, en fait presque un surhomme… Gasper est auto-suffisant, la promiscuité des hommes le dérange.
Et de là, s'interroger : ne serait-ce pas simplement un homme, qui aurait compris comment être en totale symbiose avec son environnement ? Car l'homme est un loup pour l'homme… Et pour l'environnement, il est une plaie suppurante.
Gasper/McCord, même combat. Pouvoir tuer en toute impunité les méchants, les mauvaises personnes, Gasper le fait. McCord jubile. Je jubile. Catharsis.
La marche comme purge fondamentale. La solitude comme soin. La folie domptée en sus…
Mais est-ce vraiment folie que cette Sorcière Ceridwen, gardienne des portes de l'Ouest, représentation de toutes les tentations, Ceridwen, personnage mythique des légendes galloises, représente sans doute l'éternel duel entre la vie et la mort qui habite un tant soit peu tout esprit libre penseur, cette dualité infernale entre l'attrait de la lumière de la vie et l'irrésistible attraction du noir absolu, du néant.
-On sait aussi que Ceridwen poursuivit inlassablement le druide Taliesin, alors appelé Gwion Bach, pour s'être substitué à son fils qui devait recevoir une potion de connaissance pour contrebalancer sa laideur. Taliesin prit alors l'apparence d'animaux pour échapper à la vindicte de Ceridwen, jusqu'au jour où il prit l'apparence d'un grain de blé dans une grange, et Ceridwen se transforma en poule noire et le picora… Mais ne pouvant se résoudre à le tuer, elle en accoucha et l'abandonne sur la mer.-
Elle est donc la fin et le début.
A son propos, McCord cite à la dernière page : Je me suis efforcé de penser qu'elle était une facette de moi-même, quelque chose de non résolu, une énigme dont j'eusse hérité à la naissance. Mais elle n'est pas plus moi que vous ne l'êtes. Et elle sortira des eaux de la Sorrow (chagrin en anglais) en un bond féroce et bouillonnant marqué par la piste de la Lune, et fera alors disparaître tout ce que je connais. La physique nous dit que nous sommes tous de la lumière d'étoile, des énergies cycliques qui se manifestent un temps sous cette forme, plus tard sous une autre.
Et de noter que ce livre commence sous la lumière des étoiles, et s'achève sur ces mots lumineux : « Nous sommes tous lumière, lumière dans notre chair pondéreuse, lumière dans notre sang qui pulse. Nos douleurs sont lumière, nos os, nos étrons étincelants, nos fièvres et nos rêves : tout cela est lumière. »
Un livre mystérieux, plein d'intelligence, de finesse, de poésie et de cruauté. Comme la nature et la vie, en vrai.
A lire de toute urgence, pour mieux comprendre le bonhomme : En marchant vers l'extrême, d'Howard McCord.
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